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Pol Léonard, peintre et poète

Biographie et témoignages

Pol Léonard est né le 29 octobre 1925 à Fays-les-Veneurs, près de Paliseul en province de Luxembourg. Il y fait ses études primaires puis se rend au petit séminaire de Bastogne pour ses études secondaires.
Il débute sa carrière comme employé au ministère des Finances (Bureau de l’Enregistrement de Paliseul) puis est muté successivement à Eghezée, à Arlon et à Laroche avant de venir définitivement, après son mariage, à la recette d’Athus en 1953. Le 15 septembre 1952, il épouse à Messancy Annette Schmit. Il s’établit alors à Messancy. Il y fonde une section des Equipes Populaires.
Depuis sa jeunesse, il écrit des textes en prose et des poèmes dont les thèmes sont le terroir, la nature, l’amour, les âges… souvent empreint de spiritualité. En 1995, il publie dans la revue Terre d’Herbeumont et d’Orchimont un texte intitulé « Souvenirs d’enfance à Fays-les-Veneurs ». Il signe parfois sous le pseudonyme de Paul de la Houbière. Ce nom est emprunté au lieu-dit d’une pâture à Launois (Paliseul), propriété de ses parents. Sur ce terrain se dressait le chêne avec une niche contenant une statue de Notre Dame de Fatima.
Habile dessinateur, il s’adonne également à la peinture, sur toile d’abord puis à l’aquarelle. Il suivit les cours de l’académie d’Arlon durant cinq ans. Il participe à plusieurs expositions, notamment en compagnie d’Hélène Valembois – Devos.
Il prend sa retraite en 1987 et peut se consacrer entièrement à ses passions. Il s’éteint à Arlon le 7 mai 2006.
Le présent ouvrage reprend quelques textes et poèmes extraits de son abondante production ainsi que la reproductions de peintures et aquarelles qu’il composa en grand nombre, souvent pour en faire cadeau dans la famille ou à ses amis.

Souvenirs de jeunesse.

Etant donné que Pol a quitté Fays à l’âge de 14 ans, je n’ai pas grand-chose à dire sinon qu’il était un garçon charmant, gentil, travailleur et serviable. Il était notre voisin ; nous étions jeunes ensemble et nous nous rencontrions très volontiers durant les vacances de Noël, de Pâques et durant les grandes vacances.
Son papa était le boulanger du village et distribuait avec Pol le pain dans les villages voisins. Il passait de maison en maison, à la Cornette, les Hayons …
Il était beau garçon et aimait les jolies filles.
Un jour, il avait accompagné sa dulcinée de l’époque pour aller chercher ses bêtes à la pâture du « Chenot ». Il lui parlait amoureusement (dixit l’enfant qui s’était caché derrière la haie lors de leur passage) et lui a soufflé à l’oreille « je t’aime éperdument ». Le gamin, rentrant à la maison, demanda à sa maman : « c’est quoi, aimer éperdument » ?
Après cette petite copine, ce fut une autre et puis une autre jusqu’au jour où, allant à Arlon à un bal organisé, il a trouvé la femme de sa vie, très jolie et gentille jeune fille qui lui a donné deux garçons dont ils étaient très fiers.
Mais revenons un peu dans notre paroisse de Fays-les-Veneurs où il y avait deux ducasses chaque année : en juillet et en septembre. Une année, la commune a décidé que les ducasses se fêteraient dans les cafés du village. Le curé de l’époque a fait une grosse colère et a demandé à cinq jeunes filles et cinq jeunes hommes de prendre l’affaire en mains, c’est-à-dire bal dans la cour de l’école des garçons. Nous étions donc dix pour organiser la kermesse et ce fut super ! Ensemble tous les dix, nous avons passé deux belles kermesses dont nous nous souviendrons.
Sœur Marie (Barras)
Mon époux

Pol disait souvent qu’il aimait tellement la nature qu’il aurait voulu être garde forestier et, au lieu de cela, il s’est enfermé dans un bureau de l’administration des contributions (« les Finances ») qu’il n’aimait pas vraiment.
Au début de notre mariage, Pol accompagnait parfois mon père dans sa sapinière. Mon père faisait des fagots avec les arbres du talus mais Pol, lui, sifflait avec les oiseaux ou suivait un rouge-gorge jusqu’à perte de vue.
Les « Finances », c’était un gagne-pain et la nature, il allait la dessiner et l’écrire.
Pol était très fier d’avoir vendu plusieurs de ses petits tableaux lors de l’exposition des « Mille trouvailles » à Messancy. Pour les peindre, il s’était inspiré des vues de Rhodes où nous avions passé quelques jours de vacances.
Et que dire de la joie de Pol quand trois de ses tableaux sont partis pour le Michigan aux Etats-Unis.

Annette, son épouse, le 4 décembre 2006

Souvenirs de Messancy

J’ai connu Pol Léonard lors de réunions organisées par le MOC (Mouvement Ouvrier Chrétien) à l’époque où il travaillait au bureau de la recette des contributions d’Athus.
Volubile, il aimait évoquer ses racines et traduire ses émotions dans les écrits et l’expression artistique. Il avait d’ailleurs suivi des cours d’art pictural à l’académie pour affiner ses dons.
Sa vie n’a pas été un fleuve tranquille : perte d’un fils dans un accident de la route en 1978 puis apparition de la maladie de Parkinson. Celle-ci l’a saisi d’une manière lente et progressive. J’ai retrouvé Pol à Messancy en 1998. Il prenait plaisir à me faire lire ses écrits et à me raconter ce qu’il découvrait chez de grands auteurs tels que Péguy, Victor Hugo et François Mauriac.
Il aimait m’introduire dans son « antre » en montant à l’étage avec son ascenseur-escalier. Là, je pouvais admirer ses peintures, me plonger dans ses poèmes qu’il tapait souvent lui-même à la machine à écrire. Il devenait de plus en plus dépendant au niveau de la mobilité tout en restant parfaitement libre dans son esprit.
D’une énergie débordante, parfois épuisante, il cohabitait avec la maladie dans un rapport de force. Son combat quotidien fut un hymne à la vie, à la nature, aux oiseaux, au bonheur. Ecrire lui a permis de transcender sa maladie et de prendre de la distance par rapport aux craintes quotidiennes.
En lisant « La vie de Jésus » de Mauriac ou le cheminement de Saint François d’Assise en symbiose avec la nature, il y trouvait la force et l’énergie pour surmonter les moments de découragement. On peut dire qu’il y avait en lui une forme de mysticisme, de contemplation de l’humain vers le divin : ce qui permet de soulever les montagnes de l’indifférence, de la non-reconnaissance. Au cours des derniers mois, où il a séjourné au home « L’Amitié », à Virton, il parcourait les couloirs dans sa voiturette pour maintenir des contacts, dédier des poèmes à une voisine du même étage qui venait de quitter ce monde.
Son esprit débordait d’imagination, folâtrait comme les feux follets. Quelle exubérance !
En parcourant le présent ouvrage, qui a pu être édité grâce à une équipe de bénévoles, puissions-nous nous imprégner des dessins, des textes qui ont été rédigés par un passionné de la vie.

Gaby Krier, aumônier du MOC puis curé-doyen de Messancy

Le peintre-poète

La première fois que j’ai rencontré Pol, c’était à Messancy, lors d’une exposition collective à laquelle nous participions. Pol aimait beaucoup montrer ses tableaux. A ce moment là, il travaillait surtout à l’huile. Ensuite, il s’est mis à l’aquarelle, esquissant le plus souvent des paysages d’enfance et de rêve. Il les inventait dans son atelier : pas besoin de modèle … tout était dans sa tête.
De temps en temps, il soulevait un autre coin du voile : ses écrits en prose et des poèmes. Et poète, il l’était ! Emouvant lorsqu’il raconte sa maladie dans « Je suis un paria » et « J’écris ». Mystique peut-être lorsqu’il se confie dans « Seigneur ». Certainement, Pol était un homme vibrant d’une vie intérieure.
Souvent, il se disait « fou ». Oui mais un fou heureux. Heureux grâce à sa grande foi en Dieu.

Hélène Valembois – Devos

A mon ami Pol.

La fin de cet été 2002 se profile à l’horizon. Je profite de la douceur du temps pour m’offrir une balade autour du lac de Messancy.
Ce site magnifique ancré à la sortie du village respire la quiétude. Des vasques fleuries ornent ses abords. Ici et là, de robustes aulnes donnent de l’ombrage aux pêcheurs. Une passerelle permet l’accès à un îlot et donne à ce cadre un aspect romantique. De là, on admire la cabane des passionnés de la gaule, un endroit très convivial pour fraterniser.
C’est ici que j’aperçois en bordure du chemin de ce lieu aquatique, mon ami Pol marchant à côté de son vélo. Ce dernier lui servant par moment d’appui en raison de ses difficultés dans ses déplacements.
En passant, il salue quelques connaissances et entame un brin de causette.
Il s’arrête un moment pour s’asseoir sur un banc et c’est l’occasion pour moi d’aller à sa rencontre.
De longue date, nous nous connaissons déjà bien.

« Bonjour Pol, quelles bonnes nouvelles, depuis le temps ? »
« Ah, qui voilà, Lulu, quel plaisir ! Assis-toi et profitons du beau temps pour savourer ce haut lieu ! … »

Puis, en toute sympathie, nous engageons la conversation. Nous parlons alors de choses et d’autres, quoi de plus naturel ?
L’interrogeant sur son état de santé, il me fit découvrir son itinéraire de vie.
De suite, j’ai vite ressenti le dur combat qu’il menait pour résister à son mal.
Cet ardennais aux mains trempées avait une grande soif de l’absolu et le criait haut et fort à celui qui voulait l’entendre. Cela le rendait libre et lui procurait malgré sa souffrance un bonheur indicible.
Il m’invite alors chez lui pour y découvrir un couple de chouettes qui niche sous le toit de sa maison. Je m’y rendis donc quelques jours plus tard.
Annette au sourire chaleureux m’accueille. Pol a installé son atelier dans une chambre mansardée. Pour y accéder, un « remonte pente » l’aide à franchir le premier pallier puis la grimpette est plus escarpée. Ses mains fortes s’arriment à une solide rampe et il se hisse hardiment, tel un montagnard avide de conquêtes.
C’est ici que je découvre son refuge. Voici des croquis, des esquisses et là une aquarelle aux touches éclatantes à côté d’une machine à écrire qui lui permet de transcrire ses inspirations poétiques.
Vient alors le moment pathétique où, allumant une baladeuse, il m’invite à le suivre à l’écart, au plus profond du grenier. Une chouette effraie avec ses quatre petits nous apparaît. Leurs yeux pétillent de lumière : quelle merveille, je suis tout abasourdi. Quelques cris plaintifs nous invitent à la retraite. La lumière s’éteint, laissant ce monde nocturne à sa tranquillité.
« Quel beau cadeau la nature nous a offert, c’est merveilleux » me dit-il.
Cet ardennais aux mains trempées retrouvait ici ses sources. Le dur combat qu’il menait avec les siens pour résister au harcèlement continu du mal lui permettait de trouver une paix profonde.

Ses paroles fortes m’invitaient à la réflexion. C’est ce que je fis par après lors de visites régulières. Ces dernières, riches en émotions à la lecture de ses poèmes me firent découvrir les talents de l’artiste. Aussi, ses aquarelles qui débordaient de vie et de couleurs.
Ce battant infatigable nous donne encore aujourd’hui, une grande leçon de vie.
C’est sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, dans l’Aubrac, que mon épouse m’apprit que Pol s’était arrêté définitivement en bordure du chemin.
Pour moi, cet ami, notre ami devrais-je dire, n’est pas perdu. Il est à nos côtés, marchant vers l’infini.

Lucien (Lulu) Fresing.

Textes en prose et poésies

Morceau de vie à Fays-les-Veneurs (extraits)

Mes mémoires ? Non, c’est simplement un peu d’histoire de mon pays, des histoires avec un petit h.
Fays-les-Veneurs …. J’aime bien ton nom composé, petit hameau des Ardennes d’environ 450 habitants (tu n’avais ni médecin, ni notaire, ni notable quelconque, laissant ce privilège aux gros bourgs voisins).
Une bonne cinquantaine de maisons se regroupent autour de ton église, vieille de plus de deux siècles, tassant ses murs au sommet des Payons, du nom de l’ancienne brasserie qui avait jadis dominé toute l’activité de cette région.
Monsieur le curé, un homme très affable, représentait toute l’autorité morale du lieu. Sa sœur, mademoiselle Stéphanie, entretenait son ménage, sa maison. Quand on la rencontrait, nous la jeunesse, la saluions avec déférence.
Une école pour les filles et une pour les garçons contribuaient à donner à ces braves gens un petit standing intellectuel.
Un ruisseau, né dans la campagne voisine, serpente autour des maisons et des jardins, traverse la grand-route et, après quelques kilomètres, rejoint la Semois à la Platinerie, dans un décor grandiose.
Fays-les-Veneurs fut une petite seigneurie dépendant du duché de Bouillon.
Une porte cochère avec toutes ses suites, tour flanquante comprise, subsiste encore aujourd’hui, tout comme les faubourgs.
Voilà en quelques traits dressé le tableau du site où s’est passée ma prime jeunesse.

Mon père, le Grand, affectionnait la pêche et la chasse : c’était le braconnage à la « Raboliot » qui faisait ses délices, au grand désespoir de ma mère qui n’en appréhendait rien de bon.
A ses moments perdus, il s’était mis en tête de construire un étang aux abords de la Géripont pour élever des truites et en faire un petit commerce. C’était l’occasion pour nous, les gamins, de creuser un tout petit étang et nous ne manquions pas de construire un petit moulin, fait de quatre roseaux assemblés, qui ne cesserait jamais de tourner. Le Grand transportait des terres et des pierres. Il maçonnait la digue de son étang sans sable et sans ciment. La muraille ainsi faite présentait donc de nombreuses voies d’eau. Cette construction du lac traînait en longueur et les truites promises étaient encore loin. Un beau jour, un raz de marée ouvrit la digue, anéantissant tous les espoirs du Grand. Il abandonna le chantier et celui-ci se transforma en plantation naturelle d’épicéas. Notre petit étang s’évanouissait également dans la tourmente, emportant toutes nos illusions : adieu mouvement perpétuel et lac de « Rougebeau ».

Notre premier voisin était une grosse ferme chaulée de blanc, habitée par mon grand-père « Parrain Joseph ». Il était particulièrement bienveillant quant à nos ébats de jeunes gamins.
Les dépendances de sa ferme n’avaient aucun secret pour nous.
Avec un copain de mon âge, Louis Déom, nous allions fouiner dans les greniers et les hangars du grand-père : nous y campions, nous y dormions. Nous y trouvions notamment des caisses de cartouches allemandes, séquelles de la guerre 1914-18. Sans souci, sans même conscience du danger de mort que cela pouvait être, à coup de marteau et de pic, nous enfoncions ces cartouches dans les interstices du mur de la maison. Faisant sauter la balle, nous récoltions la poudre en cristaux noirs. Avec cette poudre, nous tracions des routes et des plaines et nous y mettions le feu et cela prenait des allures dantesques.
Parrain Joseph se plaisait particulièrement bien à mener paître ses vaches dès la venue de l’automne. Nous allions tourner autour de lui en fumant des cigarettes de mousse. Le grand-père intervenait aussitôt : »ne fumez donc pas cela, c’est trop mauvais » et, puisant dans sa blague à tabac faite d’une vessie de porc, il nous offrait une vraie cigarette qu’il roulait dans ses doigts.

Un peu plus haut, sur la route de Nollevaux, il y avait une petite ferme trapue, ramassée sur elle-même, habitée par une vieille dame et son fils unique, de sinistre mémoire. Buveur, bambocheur et aimant la bagarre, de sa vie, il n’a rien fait de positif. Je me souviens d’un soir de Noël, pendant la messe de minuit, on était venu chercher mon père pour secourir ledit Antoine : après avoir bu toute la soirée, il rentrait à moto et était tombé dans le ruisseau de la Géripont. Il gelait à pierre fendre et cependant, il s’en est tiré et a pu continué sa vie de noceur invétéré.
Continuons notre chemin. Nous rencontrons Camille, gros exploitant mais aussi organiste de l’église. Son épouse Anna venait de Longlier, avec son accent chestrolais. Dans ma mémoire surgit une anecdote pas méchante du tout. Mon père, le Grand, jouait parfois au vétérinaire dans les écuries voisines. Un soir, pour un vêlage laborieux, s’en vint demander de l’aide notre madame Anna. Elle se vit congratulée d’un sonore « tout de suite Anna ». Que de fois n’ai-je pas entendu depuis, dans la bouche de ma mère « tout de suite Anna », un peu de jalousie aidant.

La maison suivante était habitée par monsieur Vaulet. Je me souviens qu’il passait de maison en maison pour établir le compte de chacun en électricité. Par temps d’orage, il était aussi chargé de passer à la cabine électrique pour réenclencher les contacts déficients touchés par la foudre.

Dans un autre quartier habitait Octave et ses abeilles. Il élevait des légions d’abeilles, se montrait doux et patient avec elles. A l’orée du bois de Bertrifontaine, de Neuvy, du Braban, on retrouvait l’homme et ses mouches à miel. Il s’épanchait chez ses amis, parmi lesquels on retrouvait le « Grand », leur confiant sa science et son savoir sur tous nos animaux régionaux qui n’avaient plus de secret pour lui.

La chasse au gibier de tout ordre n’avait plus lieu. C’est ainsi que les bêtes des bois pullulaient : les sangliers faisaient des razzias dans les champs de pommes de terre et les épeautres. C’était surtout la nuit que les récoltes étaient ravagées. Les communes disposaient d’un garde qui, toute la nuit, faisait le tour de la campagne en sonnant de la trompe. En l’occurrence, à Fays, Firmin avait été nommé garde communal, utilisant en guise de trompe le bugle de la société de musique. Mais chaque paysan avait à cœur de défendre personnellement ses propres récoltes : c’est ainsi que nous avons aménagé une hutte en terre au Péreux. Nous y passions des nuits et il arrivait que, dans le petit matin, nous rencontrions Firmin et quelques autres au milieu des bois. Firmin jouait la « Java bleue » en pleine forêt de Bertrifontaine vers deux ou trois heures du matin. Ces rencontres se terminaient en palabres, en fumant force pipes de tabac récolté à Fays, en marge de l’administration.
Des miradors élevés par des forestiers allemands résidant aux Hayons nous aidaient parfois à surveiller les allées et venues du gibier, suivant la clarté de la nuit.

Chaque vendredi, c’était la foire à Paliseul, à seulement 5 km de Fays.
Déjà tôt le matin, le monde affluait vers ce chef-lieu de canton avec des bêtes diverses pour participer aux concours.
La foire de la Sainte Catherine était la plus fréquentée.
Pour les jeunes et les moins jeunes, la fête foraine commençait très tôt pour se terminer tard, par la fête aux lampions. Hommes et femmes aimaient se retrouver à flâner d’une baraque à l’autre proposant des jeux d’adresse. Bien avant la radio et la télé, des musiciens ambulants, des hommes orchestres y vendaient des chansons populaires. Je pense notamment à ce forain qui accusait une solide boiterie et qui rythmait son chant à sa démarche claudicante : « Caroline, Caroline mets tes p’tits souliers vernis ».
Si une personne, en ce qui concerne l’ensemble de ses qualités et ses défauts, se trouve bien à sa place dans l’histoire harmonieuse d’un village, c’est bien l’Allia …
Tenant le téléphone communal, étant dépositaire des petits secrets inhérents à ce poste, elle traversait le village de part en part, semant tout au long des routes les nouvelles qu’elle venait de découvrir. Cependant, très généreuse, elle savait faire plaisir à chacun mais c’était plus fort qu’elle : elle devait palabrer.

Insouciante jeunesse et pourtant c’était la guerre … J’avais 17-18 ans.
Comme tous les jeunes, nous devions nous cacher quand les Allemands se montraient au village. La Résistance se précisait … Nous devions aider les K.G. évadés à passer la frontière en les accompagnant de nuit par la Cornette et Dohan. De temps en temps une carte postale de France venait nous dire que tout était pour le mieux : cela faisait plaisir. Fays-les-Veneurs avait déjà payé lourdement le prix de la liberté : la campagne des 18 jours avait sabré dans les rangs de sa jeunesse. Ces années de guerre s’égrenaient une à une. Nos vingt ans n’étaient pas loin et les filles étaient jolies.
Par respect pour nos soldats maintenus en Allemagne, nous n’avions jamais dansé, jamais un bal public n’avait été organisé ! Puis la Libération arrive … nos prisonniers rentrent ….
Chaque fois qu’un prisonnier rentrait à Fays ou dans les villages voisins, c’était un bal sur la route devant sa maison. Comme dans la chanson …
Des « Je t’aime » de 14 juillet, « t’as de beaux yeux, tu sais ! ». La joie de vivre enfin, un peu fofolle, culbutait les projets les plus beaux ; l’échelle des valeurs vacillait.

Premier contact avec Messancy

Avant de convoler en justes noces, je n’avais pas fréquenté beaucoup cet extrême sud de la Belgique.
Je savais que le Grand-duché de Luxembourg n’était pas loin mais j’ignorais son influence sur le parler coutumier de la région dite d’Arlon. Quatre cantons belges sont touchés par cet imbroglio. Il s’agit de Martelange, Arlon et Messancy. Le quatrième fait défaut à ma mémoire. Nous y reviendrons plus tard. Toujours est-il que le patoisant wallon éprouve quelques difficultés à assimiler les patronymes à consonances allemandes.
Je pense personnellement au SCH de Schrobiltgen. J’en ai vu des vertes et des pas mûres pour écrire à la machine « Schrobiltgen ». Les Schneider et Schroeder ont les mêmes racines et par conséquent les mêmes difficultés.
Cependant je dois reconnaître qu’après une période d’adaptation, l’esprit des habitants du cru gagne la sympathie du visiteur et c’est ainsi qu’on rencontre un accueil chaleureux qui manquait lors du premier contact.
A la naissance de nos enfants, mon épouse me posa une question : « Parlerai-je luxembourgeois ? » Un peu trop vite je lui répondit Non.
Aujourd’hui je le regrette. J’aurais dû l’apprendre avec eux. C’est la peur du ridicule qui l’a emporté. De toute façon, les enfants le comprennent par le contact avec les grands parents. Notre aîné possède d’autant plus ce goût de la culture germanique par sa licence qu’il a conquise à Louvain. Je le sais très intelligent et surtout de bon cœur. Je le crois capable de regarder un film à la tv, de lire un livre, de faire un brin de cour à sa femme, le tout en même temps. C’est quand même un exploit !
Quant à notre deuxième, plus roublard, il s’en sortira toujours avec les honneurs.
Aujourd’hui, 25 octobre 1997, jour de mes 72 ans, je puis dire en me retournant vers le passé, malgré toutes nos épreuves, merci à la Providence qui nous soutient. Les anciens auraient ajouté « ad multos annos ».

Le 25 octobre 1997

Château de Messancy

Pourquoi a-t-il fallu que les flammes te prennent pour cible ? Tu étais tellement beau, mais d’une beauté joyeuse …
Tu éclipsais tes voisins, tes voisines qui n’étaient, au fait, que de grosses maisons de maître.
Bien que, se hissant sur la pointe des pieds, ces grosses maisons s’essoufflaient vainement à atteindre ton niveau.
Non, toi, dédaigneux, tu les ignorais, les laissant pâlir d’envie. Pourquoi fallut-il, par je ne sais quel démon, qu’une flamme néfaste vienne lécher tes murs, les faisant bientôt tomber comme arbre sous la cognée.
Pourquoi fallut-il que l’autorité communale, si bien inspirée, le soit si peu ?
Faisant abattre tes ruines, ne laissant subsister que deux tours pauvres et nues se dressant, tels des squelettes mendiant au ciel quelques nippes, de quoi se vêtir un peu …
Non, Messancy n’a pas de quoi être fière d’avoir abandonné son étoile, se contentant de ces tours en sucre d’orge.

1998

Les racines

Ardennais toujours

Ardenne, terre de mes aïeux
Aux montagnes courtes mais rudes
Pour moi tu restes ce qu’il y a de mieux
De t’aimer je n’ai pas perdu l’habitude

Chacune, chacun a son cœur accroché
À des vieux murs à de vieilles poutres
De quelque part du côté où on est né
On aime y repasser sans doute

Ardenne tu es si variée
Tes rivières riches de courbes et de méandres
Charment toujours mes folles équipées
La Gaume ta voisine n’aime pas, le dire, m’entendre

Ses collines plus douces possèdent cependant
Un charme qui sait conquérir
Il est un site dans mon âme et très grand
Orval où règne la paix et le grégorien, tous deux je veux les réunir

Lorraine, mon pays d’adoption
Où j’ai trouvé la reine étreinte du bal de ma vie
Chez toi je dormirai de mon dernier sommeil, aux côtés de qui fut mon petit garçon
Merci mon Dieu de m’avoir donné de vivre en ces régions
Pour y goûter toutes les beautés de la vie

Paul de la Houbière
Le 3 octobre 2004

Les croix

Dans nos hameaux, dans nos villages,
Se dressent à tel ou tel endroit
Une croix de fer, une croix de bois
Nous rappelant qu’un soir d’orage
S’est déroulé un drame,
La mort frappant en ces circonstances
Un enfant, un vieil homme, une humble dame.
Plus on ne sait, le tout baignant dans l’ignorance.
Ainsi va la vie. Les maillons se succèdent
Et en égoïstes que nous sommes,
Passons à côté de ces marques du souvenir qui nous répètent
Que là a souffert et peut-être expiré un homme.

Nous oublions si vite ; nous avons trop à penser.
Sincèrement, qui se souvient encore des victimes de quatorze, de quarante ?
Bien sûr il est un temps pour rire et un temps pour pleurer.
Cependant c’est à eux que nous devons de vivre une vie décente.

La terre où nous sommes est celle de nos aïeux
C’est parce qu’ils ont vécu que nous pouvons vivre.
Les humbles croix du début devraient nous ouvrir les yeux :
C’est dans notre cœur qu’il faut les mettre et non dans les livres

Paul de la Houbière, le 16 juin 2004

Vieux moulin de mes ancêtres

Te voilà ressuscité à mes yeux de vingt ans,
Enfoncé que tu étais pour mon regard ardent.
J’ai bien cherché avant de découvrir ta retraite ;
Cependant plus je rencontrais de difficultés,
Plus mon courage augmentait.
Le bocage au chant cascadeur du ruisseau était complice ;
Tes vieux pans de mur en ruine le sont sûrement aussi …
Oui, mes pauvres yeux, pour trouver tes restes ont bien cherché ;
Cependant au printemps, des guirlandes de vignes vierges
Remplies du chant des oiseaux, de la course furtive des verts lézards,
Me mettaient sur le chemin où jadis le meunier flânait le dos farineux,
Ayant bon soin de ses sacs,
Pour garder sa clientèle, il était aux petits soins.
J’ai parlé des cascades de roche en roche, au chant mélodieux.
C’en était un plaisir de s’asseoir dans l’avenue ombragée,
Un peu de fraîcheur semblait gagner le sous-bois
Et toujours, le tic-tac des meules et de la trémie
Donnait le rythme au temps qui passe inexorablement …
O poète de mon cœur, n’as-tu pas encore fini de vibrer
A l’unisson avec une nature combien prodigue de ses chansons.
Rejoignant les blés d’or de nos braves vieux parents,
Un peu de nostalgie n’est pas contraire
Pour lier chaque anneau de la chaîne.
Sachons nous souvenir que l’un après l’autre
Nos signatures respectives forment le socle d’un certain bonheur,
Si ce n’est d’un bonheur certain.

Le 30 août 1998

Chanson de l’Eglantine

Mélodie « La lettre du gabier » de Théodore Botrel
Paroles de Pol Léonard

1. Il est chez nous une maison
Où l’on accueille bonnes et braves gens
La chaleur y a bonne place
Le bon couvert également
Ce qui n’est pas à négliger
La bonne aubaine.

2. L’Eglantine, c’est son vrai nom
Il sent bon l’avril renouvelé
Saison toujours bien appréciée
Eclopés ou bien portants
Ils s’y retrouvent
Belle aventure.

3. On y vient et on y revient
L’âme toute comblée d’amour
En nos cœurs chante un bel idéal
A nous les horizons sans fin
Chantons d’une voix
Forte et claire.

4. Eglantine, nous t’aimons bien
Tu nous rassembles et tu nous donnes
Une part au bonheur sur la terre.
Bénévoles ou bien payants
Nous saurons te reconnaître
La bonne étoile.

5. Dans la vie, il est plutôt rare
De trouver semblable occasion
Pour s’apprécier et s’aimer de même
Aussi remercions humblement Dieu
De nous donner cette occasion
De nous connaître.

Le 15 mars 2003

La poésie

Poésie …. Poésie … Qui es-tu ?

Qui es-tu exactement, poésie latente, souhaitée dans tous nos écrits… nos peintures … nos dessins …
Tu es avant tout un état d’âme, une disposition de l’esprit qui prête à une réception positive de tout ce qui touche au domaine naturel, de la consécration et de la combinaison du règne végétal, minéral et animal, le tout groupant en l’esprit de chacun, en notre pauvre cerveau, et la pureté d’un beau cristal et la légèreté d’un bel idéal, le tout en harmonie.
Cette façon de vivre nous amenant à toucher du doigt le domaine des dieux.
Voyons plus simplement les choses et, à l’instar du charbonnier, disons que la poésie est l’art d’accueillir les choses belles et moins belles avec notre cœur.
C’est encore le sel de la vie qui met à notre portée tout le suc de la création.
Mais n’est pas poète qui veut ; c’est un peu comme la paix de l’âme, c’est un don de Dieu.
Il nous faut la vouloir, la lui demander et l’accepter avec humilité.

Le 16 août 1998

Premier poème

J’aimerais écrire un poème chaque jour ;
Goûter à ce plaisir subtil me serait aisé,
Encore faudrait-il à chaque fois trouver l’objet.
Cette difficulté ne me paraît pas insurmontable ;
Résolu comme je le suis, faisons le plein de carburant et partons !

Je crois qu’à Toi, Seigneur, en reviendrait la primeur,
Toi qui possèdes à l’infini tout l’amour d’où mon œuvre émergera ;
Il me suffit déjà d’évoquer ton paradis aux vastes horizons,
Sauvages contrées gorgées de ruisseaux cascadants
Où les élus se prélassent, te remerciant et t’adorant.

Oui Seigneur, je suis heureux de te l’offrir, ce premier poème ;
Il veut être garant de ceux qui lui succèderont.
Pour ceux-ci et ceux-là, je te demande ta bénédiction,
O mon Dieu qui a prouvé par ta création combien parfaite
Que le bonheur des hommes réside dans une humble soumission.

Le 13 décembre 2003

L’amour et le bonheur

L’amour

Tu n’es ni l’amitié ni la gentillesse,
Une autre place tu tiens dans nos vies, y mettant l’allégresse.
Amour sincère, amour fantaisie, de pacotille,
Vous vous côtoyez dans la vie.

Il est des marques d’amour devenues célèbres.
Ecoutez-les venir secouer jusqu’à nos vertèbres :
« T’as de beaux yeux, tu sais » à Michelle Morgan
« J’ai deux amours » par Joséphine la créole, encore on l’entend.

L’amour, c’est la rencontre de deux cœurs
Gonflés d’espoir, espérant le bonheur
L’amour est aussi savoir souffrir
Quand gronde l’orage qui nous fait fuir.

L’amour, c’est bleu, c’est bon mais attention,
Parfois trompeur, rempli d’illusions.
Cependant, main dans la main, gardons confiance.
L’amour vient du ciel, il en est plein ;
De temps en temps en tombent des miettes sur les humains

Le bonheur

Il faut y croire
Surgi de l’amour, il est vivace.
Peut-être semble-t-il dormir ….
Un rayon de soleil déjà chaud suffit à son réveil.
Sous la simple pression de ce rayon, il reprend vie ;
Votre cœur se dilate et,
Surpris de descendre le sentier qu’il nous faut suivre,
Nous goûtons des parfums déjà rencontrés.
Une libellule passe et l’on s’entend dire
« Bonjour demoiselle ».
Quelle est cette chaleur qui nous anime soudain,
C’est bien ce bonheur qui tantôt dormait traînant sur le chemin.
Le bonheur, il faut y croire,
Pour aujourd’hui et pour demain ….

Le 3 février 2003

(Heureux de vivre)

Soyons heureux de vivre,
Goûtons aux bonnes choses de la vie,
Trempons nos lèvres dans les moins bonnes pour en connaître l’amertume.
Soyons heureux quand même, un arrière goût nous restera dans la gorge
Car des épreuves, ici bas, nous tirons profit,
La poésie latente au fond des bois
Les berges du ruisseau, le chant des oiseaux.
Il ne faut pas être simplet pour choisir ses fleurs
Fraîches et parfumées, elles embaument notre cœur ;
Nos épreuves n’ont plus le même goût.
Il est un adage qui dit : « L’homme est assez malin pour se souvenir des bonnes choses
Et bien vite oublier les moins bonnes ».

Le 22 septembre 1999

Les âges de la vie

Si

Que ne suis-je resté le gosse qui rêvait
Trouvant toujours beau ce qu’il rencontrait.
Le monde, croyait-il, était comme toujours
Ni bon ni mauvais, changeant chaque jour.
Ce gosse je l’aimais pour sa naïveté, son excès de confiance.
Mais ce gamin que j’ai été s’est perdu en chemin, coïncidence.
Dans un rêve, même quand nous étions petits,
De se tromper, bien souvent il est permis.
Sont venus les rêves d’amour,
Nos vingt ans les inventaient chaque jour
Belle blonde, riche brune,
Sombre noire, belle comme « Quai des brumes »,
T’as de beaux yeux, tu sais : le tour du monde a fait.
Les accompagner, facilement je l’aurais fait.
Mais un rêve n’est toujours qu’un rêve ;
Il faut déchanter à chaque tournant, sans trêve.
Ce gosse dont je vous parle,
Sans le savoir était dans la vérité. Bien calme
Aujourd’hui dans son fauteuil installé,
Hochant la tête il dit d’un air blasé :
La vie, la vraie, n’est pas ce que vous croyez. Oh non.
Ressemble-t-elle à un orage tonnant de tous les tons ?
Sachez, la vie peut être belle et même bien belle ;
Il vous suffit de la voir dans un couchant incendiant le ciel
Si vous êtes un peu poète, aisément vous y arriverez.
C’est ainsi que vos rêves se transformeront en réalité.

Paul de la Houbière, le 29 mars 2004

J’avais

J’avais seize ans à peine
J’avais robe de laine
Ce vieil air dure toujours
Dommage que le temps soit si court

Les vingt ans viennent nous consoler
Tu danses, tu ris, c’est ton tour.
Profite de ta jeunesse, c’est si bon d’aimer
Si cela pouvait durer toujours

La vie sur terre est immuable
Il est bon que jeunesse se passe
Dans des mesures raisonnables.
Dans nos cœurs les souvenirs s’entassent

Les quatre saisons se succèdent
Le printemps passe si vite et
L’été l’homme se donne et jamais ne s’arrête
Il se croit solide pour une éternité.

Bientôt les couleurs de l’automne
Viennent nous caresser de leur beauté
Pour nous prévenir que l’heure sonne,
De quelque peu nous reposer.

Vient l’hiver avec ses glaces et ses neiges
Il est encore une certaine beauté
Si l’on a été prévoyant et bon stratège,
Dans notre fauteuil nous pouvons tranquillement nous reposer.

Les saisons qui se succèdent
Sont bien l’image de notre vie
A nous, qu’on se le répète,
De l’empêcher d’être une folie.

Sous la houlette du Très-Haut,
Avec humilité soumettons-nous.
L’immuable est froid ou il est chaud,
Reconnaissons que c’est l’amour qui dirige tout.

Le 16 septembre 2003

La vieillesse

Que ne dit-on pas sur les cheveux gris,
Nous avons mal ici, nous avons mal là,
Pauvres de nous, nous sombrons, c’est fini.
Si nous voulions réfléchir un brin à ce problème-là …

Ma vie ressemble au Tour de France,
Ce soir, fin d’une étape.
Il nous faut passer une nuit au lit, quelle chance !
Pour prendre le matin le départ, toute la grappe.

D’accord, nous vieillissons, sachons
Attendre avec un peu de patience
La nuit qui, nous le savons,
Nous rendra frais pour la prochaine séance.

Si l’homme voulait un peu abandonner son fol orgueil
De se croire le nombril de la terre,
Faire confiance à celui qui se souvient qu’il est notre père,
Heureux il serait, sans trop de bile se faire.

Paul de la Houbière, juillet 2004

La nature

La chouette

Passant par mon atelier, j’entrais dans le grenier qui me sert de salle d’exposition ; un bruit insolite attire mon attention : une souris ne ferait pas un tel boucan, elle serait plus discrète, alors un rat peut-être, mais la maison est encore trop neuve pour abriter de semblables bêtes.
Alors je ne vois qu’une réponse possible : la chouette.
Je me mets aussitôt en chasse avec la baladeuse quand, brusquement, je me trouve face à face avec un étrange et bel oiseau.
Je n’hésite pas, je poigne de mes deux mains et je sens ses griffes s’incruster dans ma chair mais sans trop faire mal. La serrant contre moi, je descends en appelant mon épouse qui s’étonne de cet objet que je tiens serré contre moi.
Je ne puis mieux me référer qu’à Maurice Genevoix qui, dans son bestiaire enchanté, la décrit avec tellement de vérité :
« Admirable c’est vrai, tout blanche sur la poitrine, d’un blanc neigeux, c’est le premier mot qui vient, il faudrait dire comme la neige, mais vivant, de la neige tiède et soyeuse, incroyablement douce au toucher, et son dos roux et gris avec de petites perles grises ».
Il s’agit bien d’une chouette effraie.
Je reviendrai toujours à ce contact de l’homme avec la nature, contact qui lui fait goûter combien a été mûri par l’auteur de toutes choses ce goût commun de la beauté et de la paix, berçant l’âme des poètes dans une gratitude sans cesse renouvelée.

Août 1999

Ma cabane

Ma cabane au Canada est blottie au fond des bois … non, non, non, je ne suis pas au Canada.
D’ailleurs, du trappeur, je n’en ai que l’envie. Bien sûr, je chasserais volontiers les bêtes à fourrure et pour faire plaisir à Line Renaud et je m’affublerais de raquettes aux pieds pour affronter tous les encaissements des routes chères à Félix Leclerc.
Mon horizon ici est limité par le lac de Messancy et je ne m’en plains pas car le site est magnifique. Il recèle d’ailleurs des coins où il est permis de rêver. Rêve de mes vingt ans à peine dépassé de cinquante. Le rêve est d’autant plus fou qu’il est réalisable mais je crois que voilà de la visite ….
Bonjour monsieur … Oui, vous êtes bien chez le trappeur, oui celui qui chante de concert. Les écureuils et les chevreuils sont venus brouter dans sa pelouse bordée de sapins. Vous ne le croyez guère dites-vous et pourtant constatez-le vous-même : les fientes bordant le lac prouvent à souhait la présence de cervidés pas plus tard que cette nuit.
Ecoutez, monsieur, ouvrez bien vos oreilles … c’est un petit bonheur que j’avais rencontré … tra la la la !!
Quand je vous disais … le Canada … la cabane.
Allez, monsieur, laissez-vous emporter par ce vague à l’âme que tout homme, pour peu qu’il soit poète, sent vibrer en son être, accompagné d’une chaleur intense que cette nature sait distribuer à qui sait faire l’effort de la chercher .. un peu.
C’est fou, dites-vous ? Oui, c’est un peu fou mais c’est une folie qui paie celui qui y croit.
Croire à son étoile. Peu importe son nom. Mais la savoir au firmament et la chercher chaque soir, l’identifier et l’emporter dans votre rêve, voilà un programme digne d’un être au cœur chaleureux.
Vous avez votre étoile pour vous. Le grand principe est de partager avec quiconque en fait la demande.
Utopie, me dites-vous ? Non pas, mais grandeur d’âme, même si cette âme est celle d’un trappeur.
Allez, monsieur, et revenez bientôt nous dire si votre rêve est à la mesure de vos ambitions.
Monsieur … encore un petit conseil : peuplez vos rêves de chansons.
Et c’est tout ce qu’il faut, à nous autres bons garçons, pour aller au bout de la terre.
Ma cabane au Canada est blottie au fond des bois.
On y voit des écureuils sur le seuil ….

Le 6 septembre 1998

Le rouge-gorge

Petit rouge-gorge,
Je viens de t’apercevoir dans l’allée du jardin.
Je ne sais pas pourquoi, j’avais l’âme triste,
Mon repas de midi terminé, j’allais faire ma sieste,
Seul.
J’en tirais sûrement une, comme sait dire mon épouse,
Quand par la fenêtre, que vois-je ?
Mon petit rouge-gorge sautillant, guilleret,
Cherchant aventure au pied de la haie de seringas.
D’un seul coup mon humeur a changé ;
La simple vue de cet intercesseur
Agit comme un plein rayon de soleil,
Je dirai miraculeusement … ou presque.
Quel pouvoir tu as, petit rouge-gorge !
D’apercevoir le rouge de ton plumage change le cours de mes pensées
Et, crevant les nuages, le soleil inonde ma destinée.
Je me prends à siffler des airs vieux de la vieille ;
Mon cœur bat plus vite et accueille ces prodiges
Que toi, petit copain de ma vie d’homme,
Tu dispenses à pleine main, tel un petit dieu de la nature.
Aussi, avec un sourire plein ma figure, je te dis merci
Petit rouge-gorge de mon cœur
Et bon après-midi,
A bientôt.

Le 26 février 1998

Ami chasseur,

Mon pauvre ami chasseur, tu es loin de te douter de la résolution que je voudrais te voir prendre : ne tue pas pour tuer.
Prendre plaisir à supprimer une vie en pleine vigueur, que ce soit une biche, un chevreuil, un faisan dans la splendeur de son plumage, il faut rejeter cette joie malsaine qui t’habite lorsque tu presses la gâchette de ton arme. Ce gibier que tu traques avait plaisir à vivre.
Ivre de liberté, ce matin encore à la fontaine voisine, à la cascade au fond de la vallée, il était heureux de vivre. Jamais il n’a marchandé ses peines.
Lorsque, plein d’allant, quittant le hallier l’espoir rivé à son cœur de bête, sautant les taillis, buvant à la fraîcheur de la source, jamais il ne marchandait le coût de son rafraîchissement. Il était fier de sa robe qu’il changeait à chaque saison.
C’est gratuitement qu’il donnait ce spectacle de bonheur de vivre et toi, toi mon pauvre ami chasseur, tu viens avec tes grands pieds et tes grands bras troubler la paix des bois et casser brutalement tout un programme qu’avait organisé le Créateur en son paradis terrestre.
Ami chasseur, il est temps encore, mais il est grand temps.
Revois ta raison et scelle un pacte avec les bêtes que nous disons sauvages. Sans peut-être trop le montrer, ces bêtes t’en sauront gré.
Comme toi, participant à la paix universelle ainsi reconnue, tu goûteras dans le fond de ton cœur cette paix qui vaut tout son pesant d’or.
La paix de Dieu, la paix des hommes et la paix de tout ce qui vit sur cette terre est gage de bonheur absolu dont parle la bible.
Range ton fusil, ami, et crois-moi, tu couleras des jours heureux.

Le 31 juillet 1998

De surprise en ….

Lorsqu’on quitte Belle-Vue et qu’on prend la direction de l’intérieur par un lacis bordé de hauts taillis de coudriers et de digitales, nous débouchons bientôt sur un panorama qui, vu de cette nouvelle route de France, est d’une beauté pure, sans aucune ostentation. Le quartier intérieur du Dolberg de la ville d’Athus glisse sous nos yeux tel un petit village alpin, serré en arrondi autour de son église. L’ensemble des maisons, d’une blancheur éclatante, donne tout à fait l’image d’une mère poule serrant ses poussins sous ses plumes.
Relevant un peu la tête, nous survolons les toitures grises de l’agglomération, nous atterrissons dans une demi brume sur le hameau de Guerlange et nous devinons déjà les quelques premières bâtisses du village grand-ducal de Clémency, le tout baignant dans le bleu des forêts mitoyennes, couvrant l’extrême pointe des Trois Frontières.
Un peu sur la gauche, telle la flèche de Chartres, nous apparaît la fine pointe du clocher de l’église de Messancy.
Où sont les vues sombres des cartes postales d’un pays soi-disant noir ? Des cheminées énormes y crachaient jadis des fumées nauséabondes, le tout donnant raison à l’appellation du Pays de Longwy, pays infernal où fusionnaient le fer et le charbon.
Aujourd’hui, sous un soleil radieux, le velouté des bois enserre dans son giron, comme des poussins dans leur nid, les maisons amies des trois pays voisins.

Que dire alors de ce fameux matin ….
Il avait neigé dru la nuit et le matin tôt une pointe de gel avait visité notre région.
Quel spectacle grandiose défilait sous nos yeux ébahis : nous n’étions plus dans l’extrême sud du pays mais au Tyrol !
Le panorama scintillait de mille perles, picotant le blanc pur d’une neige toute neuve.
Un petit soleil hésitait à froisser cette merveille et se contentait de la caresser doucement de ses rayons. Les buissons bordant notre chemin pleuraient des larmes d’argent.
Chacun de nous a une âme de poète en de telles circonstances.
De nos cœurs gonflés montait un merci pour avoir donné un tel chef-d’œuvre !

Le 11 février 2003

Méditation et spiritualité

J’aimerais

J’aimerais, au gré de mon plaisir, courir les bois, les combes, les taillis,
Sauter les haies, jouer au chevreuil, allant, ainsi que lui, boire à la source
Gavant ma gorge d’une eau fraîche et pure
M’en désaltérant tout en sautant de roche en roche,
Jamais lassé de mes courses folles.
La joie de vivre soulèverait mon cœur de bête,
Me prenant pour un petit dieu des bois.
De mille facéties mes journées brilleraient.
Du serpolet plein les dents, ne croirait-on pas en me voyant
Que le monde qui nous entoure n’est plus méchant.
J’aimerais, dis-je au début, mais il s’agit du conditionnel
Et celui-ci est rarement suivi, surtout s’il s’agit d’un petit.
Un petit, ça subit l’injure, ça ne fait pas la loi.
C’était si bon cependant de courir aux quatre vents,
De croquer les herbes, les fleurs, les feuilles :
Fi donc l’empêcheur de tourner en rond.
N’ayons plus souci ni des lois, ni du qu’en dira-t-on
Et prenons le large, telle la chèvre de monsieur Seguin.
Montagne, que tu es douce à parcourir sans me soucier d’un loup possible ;
Daudet avait trop d’imagination : nous, les simples bêtes,
Ne nous compliquons pas l’existence.
A dieu va s’il faut partir un jour :
Que ce soit l’âme légère, la conscience pure.
Que vivent nos rêves de courir ainsi le monde repu d’espérance.
Des dégâts qui au tournant nous attendent, n’en ayons cure.
A trop hésiter, notre cœur sera voué au néant.
Alors sautons ce Rubicon et, d’une voix claire, lançons notre chanson.

Le 12 mai 2003

Le Beau

Le beau n’est pas le privilège de la richesse mais bien celui d’une élite parmi le petit peuple tout comme dans la bourgeoisie, voire même l’aristocratie.
Le don de savoir découvrir, ensuite d’apprécier la perle cachée dans l’ornière du chemin, côtoyant l’anémone au cœur tendre, reste un don gratuit du Créateur. Heureux celui qui le possède. Il n’en tirera point d’orgueil mais une humilité toute chaude qui lui fera comprendre la joie qui est la sienne de partager ainsi le plaisir des dieux.
Le délaissé qui passe régulièrement à côté de ces splendeurs sans les voir ignore ce qu’il perd, ce qui lui permet de croire encore en un certain bonheur.
A profusion, la nature est remplie de ces joyaux et nos sens déjà émerveillés, avec la foi du charbonnier, pressentent au loin les horizons sauvages, les couchants cramoisis que recèlent les abysses où la perfection de l’Infini nous attend.
De peur que tout ceci soit de la littérature, disons que le Beau réside dans la petite espérance de Péguy, lieu où siège l’Amour Infini.
Petits peuples ou grands de la terre, nous sommes les fourmis infimes à qui la promesse a été faite d’un tel devenir.
L’humilité restera notre étendard, recouvrant le merci qui monte à nos lèvres.

Avril 2003

Un rêve

Je rêve … c’est permis.
Je rêve d’un monde meilleur.
Le mal, le péché n’auraient pas de prise sur les hommes.
Le sourire aux lèvres, nous irions de l’avant,
Une fleur au chapeau, à la bouche une chanson
Et c’est tout ce qu’il faut à nous autres beaux garçons
Pour aller au bout de la terre.
Ce n’est qu’une chanson qui a bercé ma jeunesse
Aujourd’hui plus que jamais, elle fait partie de mes rêves
Cependant elle me rappelle qu’à la fête de Pâques une espérance,
Une joie nous est donnée. La Résurrection de Jésus qui éclate en ce jour de fête
Change l’aspect de notre vie terrestre, nous apportant la certitude de la rédemption.
La paix du Christ. La paix qui nous fut apportée par les anges lors de la naissance dans une
Crèche, du Dieu vivant sous l’aspect d’un petit enfant, cette paix, Il ne nous la marchande pas.
Le prix qu’Il l’a payé est exorbitant, au point que d’aucuns l’appellent « folie de la croix ».
A nos yeux d’hommes, un amour semblable ne serait possible que dans un accès de folie pure.
Regardons en face ce Dieu qui nous crée à son image et reçoit en remerciement toute
L’ingratitude, germée dans le cerveau humain.
Arrêtons-nous de temps en temps et méditons cette folie.
Franchement, elle nous dépasse. Le mieux, je crois, est d’agir comme le charbonnier
Et, sans se torturer, accepter de la part d’un Père cet immense brasier
Qui efface nos remerciements et nos bassesses.
Notre repentir sera garant de sa miséricorde.

Fin mars 2000

Avoir du temps devant soi

Avoir du temps devant soi,
Un peu d’argent pour ne pas avoir le ventre creux,
Des chansons dans la tête pour rester joyeux.
Etre riche n’est pas nécessaire, encore faut-il voir venir …

Poète, on l’est tous un peu …
Dans le fond de l’âme en cherchant bien,
Poésie, même sans rime, est une richesse en profondeur,
De toutes façons, il nous faut garder nos illusions …

Courir sans s’essouffler est nécessaire pour aller loin ;
Il nous faut cependant penser au lendemain,
Aux durs réveils qui peut-être nous attendent.
Sachons toutefois, comme disent les chinois, nous limiter.

Me balader dans la nature, je voudrais bien
Me retrouver dans le fond des bois comme le gibier,
Parmi les eaux, les roches et les clairs ruisseaux
Chantant la truite, les écrevisses et les roseaux
Avec mon chien sur les talons.
Brave bête s’il en est, peu importe sa race,
Du moment qu’il a pour me regarder ses bons yeux de chien :
On peut partir avec un tel compagnon.
Je vois sourire mes enfants, mes premiers voisins :
Lorsque papa rêve, nous devons nous méfier.
Parents, de leur avis tenez compte
Car parlant beaucoup, il faut avoir peur d’aller trop loin.

Le 16 novembre 1997

Laissez-moi rire

Laissez-moi rire,
Rire de quoi mon Dieu,
De toutes les fantaisies qui hantent mon esprit.
Si je vous disais combien sont précieuses
Les perles que je découvre dans les ornières
Des chemins creux ;
Chemins des ardoisières qui toujours
Chantent dans mon cœur.
Gouffre aux chauves-souris,
Peur affreuse de ma jeunesse.
Le museau d’une pipistrelle.
Avez-vous regardé :
Même race, bouledogue au nez écrasé,
Mais la science du vol
Lorsqu’à la tombée du soir,
Zigzagant, on la croirait folle,
Alors qu’au contraire,
Mieux qu’un ordinateur bien réglé,
Munie d’un radar stéréotypé,
Jamais elle ne se cogne,
Ne faisant que frôler.
Quelle leçon à tirer par l’homme
Qui, plein d’orgueil mal placé,
Croit du bonheur avoir trouvé le secret.

Le 16 novembre 2003

Je suis un paria

En effet, je suis parkinsonien depuis 42 ans.
Je tremble, je bave et je ne parle plus distinctement.
Les misères se sont accumulées sur notre destin.
Mariée à une gentille petite femme pour le meilleur et pour le pire,
Nous en sommes arrivés au pire.
Nous nous supportons difficilement, je ne sais plus marcher …
Et cependant, et cependant,
Je le clame à tout qui veut l’entendre :
JE SUIS HEUREUX.
La joie de vivre m’habite,
M’en tenant à l’essentiel, je néglige le secondaire.
Mon secret, il est simple mais beau : je vis dans la paix du Christ.
Cette paix qu’il donne à qui la Lui demande,
Je l’ai touchée du doigt ;
Cette paix inonde mon être tout entier ;
Dès le matin, une joie très pure m’envahit.
Comment ai-je trouvé la voie de cette sérénité ?
Michel et mon épouse m’ont offert à la Noël le livre « La vie de Jésus » de François Mauriac.
Ce livre me fait un bien énorme.
Le Christ y parle d’une façon persuasive.
En page 141, Il nous dit : « Vous tous qui êtes fatigués,
Qui ployez sous le fardeau, venez à moi, je vous soulagerai ».
J’étais fatigué et je me suis tourné vers Lui et Il m’a livré sa paix et sa joie
D’une façon telle qu’elles me submergent et remplissent mon cœur.
Le résultat, vous le connaissez : JE SUIS HEUREUX.
Ce n’est pas de la bigoterie, je m’en défends,
C’est le résultat d’un Dieu qui nous aime
Comme un père et pas comme un juge.

Le 1er avril 2000

Cette lumière, Sire, se nomme Dieu pour vous
Ce Dieu n’est pas abstraction : c’est le visage d’un enfant, le parfum d’un soir d’été
L’émerveillement d’un amour partagé, le regard du roi Baudouin lorsqu’il nous disait « Je suis vraiment heureux de vous voir ».

Max Vanderlinden en 1963

J’écris

J’écris pour le monde, ce monde qui me vomit.
Que lui ai-je fait, sinon essayer de survivre !
Le mal qui me ronge, ils le connaissent, il est sali.
Ce mal, ils l’ont fermé à clef, il me faut bien le suivre.

On s’habitue dit-on, même au malheur.
Je voudrais bien les voir, ceux qui savent tout.
On les verrait comme nous se plaindre à chaque heure ;
Presque chaque jour, il faut arriver au bout.

Je sais, on veut bien nous écouter.
Mais à la longue y en a marre
Ce serait si simple si on pouvait décider
De partir à la sauvette sans crier gare.

Tant que la terre écoutera ce qui se dit là-haut,
Au besoin je supporterai tout
En essayant de sourire, oh pas bien haut
Même dire merci, c’est un peu fou.

Cependant, c’est le jeu que je joue.
Et puisque aujourd’hui encore il me réussit,
Le merci sortira en tordant la joue
Mais finalement m’emportera au paradis.

Le 12 août 2003

Seigneur

Je t’avais dédié mon premier poème.
En remerciement de ta visite d’hier soir
Comme le premier, je t’offre celui-ci de même
Toi qui par la communion fais renaître en moi tout espoir.

Sans ton soutien, le mal qui ronge mon corps
Est beaucoup trop lourd pour le supporter seul.
Aussitôt ta présence, plus facile est l’effort.
Sans Toi, mon corps s’écroulerait, veule.

C’est bien pourquoi chaque jour en recevant ta paix
Je ne manque pas de te dire merci avec mon plus beau sourire.
Le courage, j’en ai à revendre, mais si jamais
Ta visite se fait un peu attendre, je commence à en souffrir.

Je pourrais peut-être passer par les mains de ta Sainte mère.
Sachant l’amour infini qui vous unit,
Elle ne manquerait pas de faire le nécessaire
Pour que je sois rassasié de ce pain bénit.

Cependant comme l’abandon à ta volonté est entier,
Je n’ai aucune crainte, me rappelant la barque de Pierre où tu sommeillais.
Il peut s’écrouler, le monde entier
Tu es mon Seigneur, l’éternel remède à tout jamais

Le 18 septembre 2003

La Vierge à l’Enfant

(A l’occasion de l’inauguration de la nouvelle statue de la Vierge sur le parvis de l’église de Messancy)

O Marie, Sainte Vierge, que tu es belle !
Tes raideurs habituelles par un artiste heureusement inspiré
En dame de chez nous transformées.
La chaleur qui brûle en nos cœurs et en nos âmes
Est signe d’un renouveau plein de charme.
Heureux Messancy où de ta hauteur dominent
La mère et l’Enfant dans une pose simple et câline.
Une ère nouvelle vient de naître
Et nous, toujours emplis d’un même amour,
Messancéens, nous nous devons de la faire connaître.
Merci mon Dieu de nous avoir choisis pour lui donner noble cœur.

Paul de la Houbière, le 21 juillet 2004

Humilité

Je suis étonné lorsque je constate combien peu de gens sont prêts à accueillir favorablement le fait que vous êtes heureux de vivre, que votre cœur déborde de joie.
Il semble, d’après ces mêmes personnes, que les vicissitudes de cette terre sont trop nombreuses, trop importantes, que pour laisser libre accès à ce calme tranquille que je dis posséder dans le fond de mon âme.. Ils ne veulent pas admettre qu’un regard d’en Haut puisse intervenir dans les données qui composent la trame de la vie intérieure de chacun de nous.
Autrement dit, ce serait un manque de foi qui les empêche de croire vos affirmations.
Or la foi étant un don gratuit de Dieu, il n’est qu’un moyen de l’obtenir, c’est de la demander.
Mais, me direz-vous, la demander c’est déjà y croire.
Vous avez raison, c’est pourquoi Dieu offre à l’Homme, moyennant un mouvement spontané de sa part, cette étincelle de foi qui lui manquait pour demander avec humilité de participer à cette distribution venant d’en Haut.
Mais voilà, cette humilité est une plante si rare que très peu de gens la découvrent et la cultivent en leur vie intérieure.
Nous n’admettons pas facilement que les vues divines soient différentes des nôtres, alors que c’est là que réside le secret de cette vie heureuse que beaucoup cherchent vainement.

Fin avril 2000