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Saints patrons et fêtes paroissiales du doyenné de Messancy

Christian Moïs

Ce texte a été publié dans la Chronique n° 15 de 2003

Introduction

Jusqu’à l’époque mérovingienne, les lieux de culte chrétiens se situaient essentiellement dans les villes. De vastes territoires étaient placés sous la juridiction d’un évêque mais son action pastorale se limitait aux communautés urbaines. Saint Martin préconise déjà, à la fin du 4ème siècle, la christianisation des campagnes. Les populations rurales restent, en effet, largement « païennes ». La décadence de l’empire romain et les invasions qui lui font suite déstabilisent la chrétienté. Il faut attendre l’époque mérovingienne, vers le 7ème siècle, pour voir une nouvelle vague d’évangélisation se répandre. Elle est entraînée par des moines étrangers, irlandais comme Willibrord et Colomban, écossais comme Monon et Rombaut, lombard comme Walfroid, aquitains comme Amand, Remacle, Hadelin et quelques saints régionaux comme Lambert et Wendelin. Le souvenir de tous ces personnages subsiste toujours dans nos régions. Sous les rois Dagobert I , II et III,  Clotaire II et III, Clovis II et III, Charles Martel sont créees et agrandies les abbayes de Stavelot et de Malmedy, d’Andage (Saint-Hubert), d’Echternach, de Prüm et de Saint-Maximin à Trèves.

Des vastes domaines agricoles naissent les premières paroisses rurales. Elles sont pourvues d’une église construite en matériaux résistants (pierre) et non en bois ou torchis comme les maisons. Ces premières églises furent appelées « églises-mères ». Les petites communautés périphériques qui ont édifié un oratoire au cours des siècles suivants, simple chapelle où seule était dite la messe, se constituèrent progressivement en paroisses-filles  ou filiales. L’église paroissiale a pour caractéristique de renfermer des fonds baptismaux. C’est là uniquement que l’ont procède aux baptêmes, aux enterrements, aux confirmations.

Toute église doit être placée sous le patronage d’un (ou de plusieurs) saint(s) qui deviennent ainsi le(s) titulaire(s). L’autel principal (maître-autel) leur est réservé. Dans les premiers siècles de la chrétienté, les titulaires furent principalement : Pierre et Paul, Jean-Baptiste, la Vierge Marie, la Sainte Croix, les évangélistes, saint Michel Archange 2 . A l’époque mérovingienne (6-7ème siècle) s’ajoutent Martin, Hilaire, Etienne puis à l’époque carolingienne (8-9ème siècle) des saints régionaux ou nationaux : Servais, Lambert, Hubert, Willibrord, Remi etc … Entre le 10ème et le 12ème siècle, on voit apparaître de nouveaux personnages tels Nicolas, Jacques, Christophe.

Le droit canon n’autorise le changement de patron que lors de la reconstruction complète d’une église. Ce patron est lié à l’édifice et son choix découle généralement d’une cause historique (édification de l’église par un monastère, par un seigneur). Chaque église peut posséder, en plus du patron principal, un ou plusieurs patron(s) secondaire(s) qui varieront plus facilement au cours du temps, en fonction de dévotions populaires liées à des événements locaux. La paroisse elle-même peut être mise sous la protection d’un autre saint que le patron de l’église.

Les saints patrons principaux et secondaires étaient largement représentés dans l’édifice : statues, vitraux, cloches, bannières, reliquaires. Beaucoup de ces objets pieux ont malheureusement disparu, victimes de voleurs ou de vandales mais aussi des modes qui amenaient un changement de style artistique ou une plus grande austérité dans la décoration.

Les personnages sont identifiés généralement par des attributs. Tout un langage visuel symbolique, issu des conceptions du Moyen Age et nourri par les légendes, miracles et  épisodes de leur vie  permettait de caractériser chaque saint. Ce langage ne nous est malheureusement plus familier et les fidèles ont beaucoup de difficultés à identifier les représentations de saints personnages.

Les fêtes communautaires sont des traditions très anciennes, liées aux cycles de la nature et aux vénérations de divinités locales. Ces réjouissances ont également été christianisées et chaque paroisse a bénéficié de sa fête locale. Plusieurs origines sont possibles :

-       fête du saint patron, souvent reportée au dimanche qui suit la date du calendrier : c’est la fête patronale

-       anniversaire de la consécration ou dédicace de l’église : c’est la ducasse (mot dérivé de dédicace), la kermesse (mot d’origine flalmande) ou Kiirmes en Luxembourgeois.

-       anniversaire de l’arrivée de reliques importantes (translation).

Les paroisses ont souvent une « petite fête » qui peut être couplée avec une journée d’adoration. Les origines en sont :

-       la fête du patron principal si la grande fête est celle de la dédicace

-       la fête d’un saint patron secondaire

-       la fête d’un ancien patron si l’église a été reconstruite et a reçu un nouveau titulaire

-       une dévotion particulière, souvent faite à la suite d’un vœu collectif (fête votive)

-       la fête d’une confrérie ou fraternité implantée dans la paroisse

Dans certains cas, le choix de la date a évolué pour des raisons pratiques. On préférera toujours placer la fête en dehors des périodes de forte activité agricole. La préférence sera donnée soit à la fête patronale soit à la dédicace en fonction de leur date.

La fête s’accompagnait (les traditions se perdent) de coutumes diverses. A Messancy, se tenait autrefois une grande foire au centre du bourg, occasion pour la population de rencontrer les habitants des villages voisins, d’acheter des denrées ou des objets usuels, de vendre leur propre production. Les cabarets, nombreux, étaient bondés et d’inévitables rixes survenaient régulièrement. Le clergé tentait de faire respecter la morale, d’éviter les blasphèmes et les faux serments.

A Messancy, jusqu’avant la guerre de 1940, le repas du dimanche de fête comprenait invariablement la Geheck (panse de vache, abats et pruneaux), le plat de jambon, le gâteau de la fête et les tartes. Un autre gâteau était réservé pour le dimanche suivant, celui de la No-kiirmes (après-fête).

Le lundi matin était célébrée la messe de la jeunesse suivie de la messe des morts et de la bénédiction des tombes. Ensuite, l’harmonie l’Emulation (de tendance catholique) faisait le tour des 10 cafés qui étaient familiers à ses membres. Le mardi, c’était à la fanfare de la Concordia (de tendance libérale) de visiter ses 11 cafés. Le mercredi était jour de la jeunesse et se terminait par l’ «enterrement » de la fête parfois symbolisé par le creusement d’un trou dans lequel on jetait quelques restes de gâteau ou de jambon.

A l’occasion de la fête sortait la « Hämmelsmarch » ou marche des moutons. C’est une vieille coutume propre au Duché de Luxembourg. Au début du 14ème siècle, Jean l’Aveugle institua la foire de Luxembourg. Il accorda aux herdiers (gardiens de troupeaux de condition très modeste) le droit de prélever deux moutons à leur profit. Ces bêtes enrubannées étaient promenées dans le village au son d’un air de musique bien typique. Cette tradition perdure encore aujourd’hui dans certains villages sous l’égide de l’harmonie locale, bien que la date ait parfois été changée pour des raisons pratiques.

Le saint patron, ses changements éventuels, les patrons secondaires, la fête locale sont des données qui, sans être probantes à elles-seules, peuvent concourir à cerner l’origine et l’histoire des paroisses et donc des villages de notre doyenné. Un autre élément généralement pris en compte est le partage de la dîme (redevance en nature due au curé par chaque famille, initialement le dixième des fruits de la terre d’où le nom de dîme). Si celle-ci est fractionnée en trois parts, la paroisse relève des dispositions du Cartulaire de Thionville édicté par Charlemagne en 805 et serait donc antérieure à cette période Don. Si la dîme est divisée en 5 parts, sa création serait postérieure et daterait plus généralement du Moyen Age.

Les fêtes « chômées » étaient nombreuses et relevaient tant des prescriptions diocésaines que paroissiales. Une bulle édictée en 1751 par le pape Benoît XIV précise :  « Tous les sujets de sa Majesté dans la ville et le Duché de Luxembourg soumis à la juridiction de l’archevêché de Trèves sont obligés d’entendre la messe et de ne faire aucune œuvre servile

A Pâques et Pentecôte comme chaque dimanche

A la Nativité, la Circoncision, l’Epiphanie, L’Ascension, la Fête-Dieu

A la Purification, L’Annonciation, l’Assomption, la nativité et la conception de la Vierge Marie

Aux fêtes des apôtres Pierre et Paul, Philippe et Jacques

A la nativité de Saint Jean, aux fêtes de Saint Joseph, Saint Etienne et Tous les Saints

A la fête du patron principal de chaque église paroissiale ». AL

Lors des fêtes chômées locales, l’obligation se limitait à ne pas travailler durant la messe ou la procession. Il est cependant manifeste que le nombre de journées sans travail était important et que plusieurs fêtes donnaient lieu à des réjouissances.

Aix-sur-Cloie

Patron principal : saint Michel Archange

Biographie : Michel signifie « Qui est comme Dieu ». De nombreuses symboliques et fonctions lui sont associées, tant dans la religion juive que dans les religions chrétienne et musulmane. Il est associé au soleil et au feu. Il est Prince de l’Eglise, porte-étendard des anges. C’est le défenseur des élus lorsque viendra l’Antéchrist. Il pèse les âmes pour évaluer la part entre le bien et le mal ; il reçoit les âmes des saints et les conduit au Paradis.

Attributs : il est représenté sous les traits d’un ange aux ailes immaculées ; il terrasse le Diable (l’Antéchrist) parfois représenté sous la forme d’un dragon. Comme conducteur de la bataille contre les anges déchus, on le figure vêtu d’une cuirasse, tenant une lance, une épée ou un étendard dans sa main droite ; comme peseur d’âmes, il est habillé d’une longue tunique souvent blanche et tient en main une balance.

Origine de la dévotion : son culte s’est développé à la suite d’une apparition dans une grotte du sud de l’Italie en 490 puis s’est propagé en Europe au cours du 6ème siècle. En 709, il apparaît à l’évêque Aubert et lui demande la construction d’une chapelle sur une presqu’île de Normandie ; cet oratoire deviendra l’abbaye du Mont-Saint-Michel. Il a inspiré Jeanne d’Arc dans sa mission. Il sera considéré comme protecteur des princes et du royaume de France.

Donckel place sa dévotion dans le groupe des plus anciennes paroisses, entre la période carolingienne et l’An Mil 2.

Saint Michel Archange est fêté le 29 septembre.

Rôle intercesseur : il est invoqué contre les tentations et pour la bonne mort.

Origine du patronage local : le premier document prouvant l’existence de la paroisse date de 1271 ; pour trouver la première mention officielle de saint Michel comme patron, il faut attendre la visite canonique de 1570 5. Nous savons d’autre part que le proche prieuré de Cons-la-Granville, devenu par la suite église paroissiale, fut placé sous le patronage de saint Michel dès sa construction en 1088. En 1445, la terre d’Aix-sur-Cloie passe au Duché de Bar et dépend du bailliage de Saint-Mihel (déformation de Saint-Michel) en 1571 ; une importante abbaye dédiée à saint Michel y existe depuis 755. Dans le diocèse de Trèves n’existent que trois autres églises Saint-Michel : Luxembourg (qui dépend de l’abbaye de Marienthal depuis le début du 13ème siècle au moins 2), Mersch et Post. Il nous semble donc que la paroisse d’Aix-sur-Cloie est d’origine fort ancienne, sans doute du haut Moyen Age, et que l’appartenance tardive au bailliage de Saint-Mihiel n’a pas eu d’impact sur le choix du saint patron.

Patron secondaire : aucun patron secondaire n’est mentionné en 1570. Il n’en est pas connu aujourd’hui non plus. Les statues de saint Donat et de saint Roch datées du 18ème siècle 1 témoignent seulement d’une dévotion particulière, par ailleurs fort répandue dans la région.

Fête paroissiale : le dimanche après la saint Michel (29 septembre).

Petite fête : non connue

Autres dévotions ou fêtes anciennes : une confrérie du Saint-Esprit est mentionnée au 16ème siècle 5.

Athus

Patron principal : saint Etienne

Biographie : Etienne est connu par les Actes des Apôtres. Son nom grec, Stéphanos, signifie « couronné ». Il fut choisi comme diacre pour aider les apôtres. Plein de foi, il opérait des prodiges. Il fut accusé de blasphème, conduit à Jérusalem au Sanhédrin et condamné à la lapidation. Saül, qui deviendra saint Paul, assistait à son supplice. C’est le premier chrétien à mourir en martyr en l’an 33 (désigné sous le terme de protomartyr).

Attributs : jeune homme imberbe, portant l’habit de diacre (dalmatique), tenant en main la palme des martyrs ou un Evangile ; il est souvent représenté avec des pierres pour rappeler son martyre.

Origine de la dévotion : le culte est connu dès le 4ème siècle mais s’implante surtout à l’époque mérovingienne.

La fête de saint Etienne figure au calendrier le 26 décembre.

Rôle intercesseur : invoqué contre la migraine et pour une bonne mort ; patron notamment des maçons et paveurs.

Origine du patronage local : connu seulement par la visite canonique de 1570, le patronage est certainement plus ancien. A cette époque, la chapelle locale dépend de la paroisse d’Aubange 5 . On peut lire sur la cloche principale « Saint Etienne lapidé, éloigne les pierres de la grêle » alors que la cloche moyenne est dédiée à saint Donat et porte l’inscription « J’éloigne les nuages menaçants ». Les habitants d’Athus ont certainement, à une époque non précisée, voulu particulièrement se protéger de phénomènes climatiques néfastes.

Saint Etienne est également titulaire des églises d’ Attert, Habay-la-Vieille, Kahler, Oberkorn et Villers-la-Chèvre.

Patron secondaire : non connu, peut-être saint Donat

Fête paroissiale : le dimanche après le 3 août, ce qui correspondrait à une dédicace ancienne de l’église située autrefois sur la place Verte.

Petite fête : dernier dimanche d’avril

Autres dévotions ou fêtes anciennes : confrérie Saint-Etienne notée en 1629.

Aubange

Patron principal : Notre-Dame du Rosaire

Biographie : La récitation du rosaire est instituée par saint Dominique au 13ème siècle. De nombreuses confréries lui sont ensuite dédiées.

Attributs : Vierge tenant en main ou donnant le Saint Rosaire à un dominicain (à Saint Dominique).

Origine de la dévotion : En 1571, Don Juan d’Autriche fait la guerre contre les Turcs et les confréries du Rosaire de Rome organisent de grandes processions pour demander la victoire. Les Turcs sont battus à Lépante le 7 octobre. Le pape Pie V prescrit alors la célébration annuelle, à cette date, d’une fête appelée « Mémoire de sainte Marie de la Victoire ». Surtout célébrée dans l’empire espagnol, dont nous faisions alors partie, cette fête devient rapidement celle de «Notre-Dame du Saint Rosaire ». En 1887, le pape Léon XIII , dans un contexte de conflit entre catholiques et laïques, ordonne de célébrer la solennité de Notre-Dame du Rosaire le 1er dimanche d’octobre « pour rendre le calme si désiré à la barque mystique de Pierre, ballottée par les flots ».

La fête de Notre-Dame du Rosaire est fixée au premier dimanche d’octobre.

Origine du patronage local : L’église se serait détachée de l’église-mère de Mont-Saint-Martin au 11ème siècle. La présence d’un curé à Aubange est attestée pour la première fois en 1328 15.  La visite canonique de 1570 nous apprend que la patronne est sainte Marie. Une chapelle dédiée à Notre-Dame de Lorette est répertoriée en 1590 (elle sera détruite en 1958). En 1631, une confrérie du Saint Rosaire est fondée à Aubange par un moine dominicain de Luxembourg. Une tour datée de 1662, appartenant à l’ancienne église, fut démolie en 1900 1. En 1737, la patronne est la Sainte Vierge 6. Le curé Gérard Kipgen demande la construction d’une nouvelle église en 1898, soit onze ans après l’appel du pape Léon XIII. Cet édifice est alors placé sous le titulariat de Notre-Dame du Rosaire.

Patron secondaire : non connu

Fête paroissiale : le deuxième dimanche d’octobre, date qui correspond à la dédicace de l’église actuelle, consacrée le 13 octobre 1902.

Petite fête : le 15 août. Elle correspond donc à l’ancienne fête patronale, lorsque l’église était sous le patronage de sainte Marie.

Autres dévotions ou fêtes anciennes : en 1570, autels secondaires dédiés aux saints Hubert et Catherine, à sainte Barbe, à saint Sébastien 5.

Battincourt

Patron principal : saint Nicolas

Biographie : né vers 275 en Asie Mineure, Nicolas devient archevêque de Myre (actuellement en Turquie). Il prend part au concile de Nicée contre l’arianisme. Il est réputé pour sa générosité envers les pauvres. Il meurt vers 350. On lui attribue de nombreux miracles et diverses légendes. La plus connue est celle des trois enfants tués par un boucher, conservés dans un saloir puis ressuscités par saint Nicolas. Une autre raconte que le père de trois jeunes filles n’ayant pas de dot pour les marier allait se résigner à les prostituer ; l’évêque vint jeter par la fenêtre trois bourses de pièces d’or pour leur constituer une dot. Plusieurs récits sont en relation avec des marins ; l’un d’eux décrit Nicolas apparaissant soudain pour prendre la barre d’un bateau en perdition.

Attributs : évêque accompagné d’un baquet d’où sortent les trois enfants, tenant trois bourses en main ou saisissant la barre d’un bateau.

Origine de la dévotion : elle devint populaire en Occident au 11ème siècle, après que les reliques achetées aux Sarrazins furent ramenées à Bari (Italie) en 1087. Un chevalier lorrain se rendit en pèlerinage à Bari et réussit à ramener un doigt du saint. Une basilique fut édifiée à Port près de Nancy en 1093 pour recevoir cette précieuse relique. Saint Nicolas devint ainsi le patron de la Lorraine.

Saint Nicolas est fêté le 6 décembre.

Rôle intercesseur : protecteur des écoliers, des pauvres, des marins, des pèlerins. Sa fête placée le 6 décembre fait partie de la christianisation des fêtes païennes liées au solstice d’hiver.

Origine du patronage local : les comtes de Bettenhoven (seigneurs de Battincourt de 1167 à 1558) seraient originaires de Lorraine 15 et auraient pu imposer ce patronage (peut-être à la chapelle du château, aucune chapelle relevant d’une paroisse n’étant notée en 1570). Une nouvelle chapelle Saint-Nicolas fut construite en 1720 15. Battincourt fut une annexe d’Aix-sur-Cloie jusqu’en 1824, année d’érection en paroisse autonome.

Patron secondaire : inconnu ; l’église possède une statue de saint Isidore, patron des cultivateurs, datée du 17ème siècle ; il fut peut-être le patron secondaire.

Fête paroissiale : jusqu’en 1835 environ, fête patronale le 6 décembre puis « par suite du consentement unanime de la population », transfert au premier dimanche après l’octave de Toussaint, fête de la dédicace 15.

Petite fête : à la Pentecôte

Bébange

Patron principal : saint Hubert

Biographie : fils du comte palatin Hugobert, il aurait épousé la fille du comte de Louvain. Lors d’une partie de chasse, un vendredi saint ajoute la légende, il a la vision d’un cerf portant une croix entre ses bois ce qui l’amène à se convertir. Sa femme étant décédée peu après, il vend tous ses biens et devient disciple de saint Lambert vers 680. Il succède à celui-ci comme évêque du grand diocèse de Tongres-Maestricht-Liège en 705. Hubert est connu comme évangélisateur de l’Ardenne. Il est mort à Tervueren en 727. Ses reliques sont transférées en 825 à l’abbaye d’Andage, village qui prendra le nom de Saint-Hubert.

Attributs : représenté en cavalier ou chasseur agenouillé devant le cerf crucifère ; il porte un cor de chasse ou les clefs de saint Pierre.

Origine de la dévotion : elle se répandit dans nos contrées dès le 8ème siècle. Ce n’est qu’au 12ème siècle que l’on attribua à Hubert l’histoire du cerf crucifère, déjà connue à propos de saint Eustache 3 .

Saint Hubert est fêté le 3 novembre.

Rôle intercesseur : invoqué contre la rage, un cérémonial particulier était pratiqué à Saint-Hubert. Il est notamment patron des chasseurs, des forestiers et des bouchers.

Origine du patronage local : Bébange est mentionné pour la première fois dans une charte de 1253. Un relevé des biens du couvent de Marienthal en 1317 nous apprend que le curé y percevait 1/3 de la dîme 17. Aucun édifice religieux n’est relevé lors de la visite canonique de 1570 alors qu’une chapelle dédiée à saint Hubert est notée en 1628 10. La chapellenie de Bébange dépendait alternativement de Habergy et de Messancy, deux paroisses où saint Hubert n’était pas invoqué. Bébange devint une paroisse autonome en 1824. On peut avancer l’hypothèse, fondée sur le choix du titulaire et la fraction de la dîme, que la paroisse aurait été instaurée au 8ème ou 9ème siècle. Saint Hubert est également titulaire des églises de Fouches, Garnich, Turpange et Villers-la-Loue.

Patron secondaire : la dévotion à saint Hippolyte, protecteur des chevaux, est connue depuis le 17ème siècle. L’église renferme une statue de ce saint ainsi qu’un reliquaire 1.

Fête paroissiale : fête patronale, le dimanche après la Saint-Hubert (3 novembre).

Petite fête : non connue mais journée d’adoration le 3 septembre, ce qui peut correspondre à une dédicace ancienne.

Guerlange

Patron principal : saint Martin

Biographie : né en Hongrie vers 316, Martin devient légionnaire dans l’armée romaine. Intéressé par la religion chrétienne il est catéchumène lorsque, sa légion se trouvant à Amiens, il donne la moitié de son manteau à un pauvre. Le lendemain, il a une vision : le Christ lui apparaît avec son manteau sur les épaules et dit au Père « Martin m’a réchauffé ». S’étant fait baptiser, il quitte l’armée et, après une vie d’ermite, répond à l’appel de saint Hilaire et se rend à Poitiers. Ensemble ils fondent le monastère de Ligugé que Martin dirige jusqu’en 370. Les habitants de Tours viennent alors le chercher pour devenir leur évêque. Martin se dépense sans compter pour implanter le christianisme dans les campagnes de Gaule. Il vient plusieurs fois à Trèves où il guérit notamment une jeune paralytique. Il décède en 397 à Candes près de Saumur.

Attributs : représenté en cavalier ou soldat romain coupant sa cape pour l’offrir à un mendiant ou en évêque accompagné d’un pauvre.

Origine de la dévotion : prototype de l’évangélisateur de la Gaule, sa dévotion s’est propagée de façon très importante pendant la période mérovingienne ; il devint d’ailleurs le patron de cette dynastie. Saint très populaire, un pèlerinage de grande ampleur se développa sur son tombeau à Tours. Beaucoup d’oratoires lui ont été dédiés, notamment le long des principales voies de communication, sans que ceux-ci ne deviennent nécessairement des églises paroissiales. L’ancien diocèse de Trèves comptait, en 1570, plus de trente églises Saint-Martin.

Saint Martin est fêté le 11 novembre.

Rôle intercesseur : protecteur des ânes et des chevaux, patron des militaires, marchands et aubergistes.

Origine du patronage local : la dîme partagée en trois et le choix de Martin comme titulaire seraient le signe de la création de la paroisse à l’époque mérovingienne (7ème-8ème siècle)

Patron secondaire : saint Eloi fut second patron de l’église. On le trouve associé à saint Martin sur un calvaire autrefois dans le village, aujourd’hui dressé près de la chapelle Notre-Dame au Chêne. Ils étaient par ailleurs tous deux invoqués pour la protection des chevaux.

En 1738, monseigneur Hatard, archidiacre de Longwyon, venant consacrer la nouvelle église place la paroisse sous le patronage de saint Isidore 11. Nous trouvons ici le cas d’un patronage différent pour la paroisse et l’église.

Fête paroissiale : le dimanche après la Saint-Luc. Lors de la cérémonie de consécration de la nouvelle église le 5 août 1738, monseigneur Hatard confirme la fête de dédicace au dimanche après la Saint-Luc. Il s’agit donc de la dédicace d’un édifice antérieur.

Petite fête : non connue.

Habergy

Patron principaux : saints Hilaire de Poitiers et Agritius (Agrèce)

Biographie : Hilaire naît à Poitiers vers 310. Il étudie à Bordeaux et se fait baptiser à 30 ans. Bien que marié et père de famille, il est acclamé évêque de Poitiers en 350. Il écrit plusieurs ouvrages théologiques, notamment contre l’arianisme. Reconnu très tôt comme docteur de l’Eglise, il est aussi le co-fondateur, avec Martin, de l’abbaye de Ligugé. On lui attribue divers miracles. Il meurt en 368.

Agritius est évêque de Trèves au début du 4ème siècle. Il participe au concile d’Arles en 314.  Il forme et ordonne prêtre saint Maximin qui lui succédera à la tête du diocèse vers 333. Une biographie du 11ème siècle prétend qu’Agritius, avec l’aide de sainte Hélène, fit venir la Sainte Tunique à Trèves.

Attributs : Hilaire : évêque foulant le corps d’un dragon ou des serpents ; le corps d’un enfant est parfois représenté à ses côtés (rappel d’un miracle). Agritius : habits d’évêque sans attributs connus.

Origine de la dévotion : sa dévotion remonte à la période mérovingienne. Saint Hilaire et saint Agritius sont fêtés ensemble le 13 janvier.

Rôle intercesseur : invoqué contre les épidémies ; protecteur des voyageurs, des pharmaciens, des agriculteurs, des invalides et des prisonniers.

Origine du patronage local : le partage de la dîme en trois parts et le choix du titulaire suggèrent une origine pré-carolingienne à la paroisse.

Patron secondaire : saint Roch

Biographie : né à Montpellier vers 1350, fils d’un riche marchand, Roch devient ermite et part en pèlerinage à Rome. Au retour, il est atteint par la peste. Pour éviter de contaminer d’autres personnes, il s’isole dans les bois. Chaque jour, un chien lui apporte un pain et un ange vient le soigner. Guéri, il se consacre au soin des malades et revient dans sa ville. Pris pour un espion, il y est jeté en prison où il décède.

Attributs : habit de pèlerin (chapeau avec coquillages, bâton, ce qui peut amener la confusion avec Jacques le Majeur), il montre sa cuisse marquée du bubon de la peste ; il est accompagné d’un ange et d’un chien tenant un pain dans la gueule.

Saint Roch est fêté le 16 août.

Origine du patronage local : son culte s’est surtout développé au 15ème siècle, avec celui de saint Sébastien, lors des épidémies de peste. Le village de Habergy a-t-il été particulièrement touché par des épidémies ? De nombreuses églises du doyenné renferment une statue de saint Roch mais Habergy fut toujours un centre de pèlerinage régional en son honneur.

Fête paroissiale : le 16 août, fête de la Saint-Roch. C’est donc le patron secondaire (et le rayonnement des pèlerinages régionaux) qui s’est imposé pour déterminer le jour de la fête locale.

Petite fête : En 1712 est signalée une fête de la dédicace le dimanche avant la Saint-Michel (29 septembre). Une journée d’adoration a remplacé la petite fête le 14 janvier, jour de la Saint-Hilaire. Il y a donc eu permutation.

Halanzy

Patron principal : saint Remi (ou Remy)

Biographie : né près de Laon vers 437, Remi est élu évêque de Reims à 22 ans. Il restera à la tête de ce diocèse pendant 74 ans ! Il consacre sa vie à christianiser les Francs. Il baptise Clovis vers 496 et s’oppose à l’arianisme. On lui attribue de nombreux miracles. Lors du baptême de Clovis, la foule étant trop dense, on ne parvenait pas à lui apporter le Saint Chrême. Une colombe descend alors du ciel et le lui apporte dans une ampoule. C’est le prototype du sacre des rois de France qui viendront ultérieurement à Reims pour ce rituel. Remi meurt en 533.

Attributs : évêque tenant une fiole ou accompagné d’une colombe apportant la Sainte Ampoule.

Origine de la dévotion : dès sa mort, saint Remi est l’objet d’une dévotion importante. Son corps ayant été enseveli dans la chapelle Saint-Christophe à Reims, celle-ci est agrandie en 570 et prend Remi pour titulaire.

Saint Remi est fêté le 15 janvier.

Rôle intercesseur : non connu

Origine du patronage local : Halanzy figure dans le dénombrement des biens de l’abbaye de Prüm (entre 893 et 1222). La seigneurie de Halanzy fut fief du duché de Bar à partir de 1292 et dépendit, comme Aix-sur-Cloie, du bailliage de Saint-Mihel en 1571. La dîme était partagée en trois parts. La paroisse semble de constitution ancienne avec une influence certaine de la Lorraine. Dans le diocèse de Trèves en 1570, une douzaine d’églises dédiées à saint Remi sont répertoriées.

Patron secondaire : saint François Xavier, patron d’une confrérie locale au 18ème siècle.

Fête paroissiale : le 1er octobre ou dimanche après le 1er octobre, probable anniversaire d’une ancienne dédicace

Petite fête : 2ème dimanche de juillet

Hondelange

Patron principal : saint Remacle

Biographie : Remacle est né en Aquitaine au début du 7ème siècle. Moine bénédictin à Luxeuil, il devient abbé de Solignac dans les Vosges. En 648, il fonde les abbayes de Stavelot et Malmédy. Il est évêque de Maestricht de 652 à 663. Il évangélise les Ardennes et s’emploie particulièrement à christianiser les lieux qui étaient l’objet de cultes païens. Il meurt à Stavelot entre 671 et 679 et son corps est enseveli dans une chapelle. On raconte que, lors de la construction de l’abbaye de Stavelot, il transportait des matériaux avec l’aide d’un âne. Or celui-ci fut dévoré par un loup. Remacle domestique le loup et lui impose de transporter les pierres comme le faisait son âne.

Attributs : évêque crossé et mitré accompagné d’un loup parfois bâté portant des pierres dans les paniers.

Origine de la dévotion : dès 685, lors de la consécration de la nouvelle abbatiale, le corps de saint Remacle est déposé dans un cercueil d’or et d’argent placé devant le maître-autel. Lors des invasions normandes entre 881 et 892, les moines quittent l’abbaye en emportant le corps de Remacle. Après leur retour, de nombreuses guérisons miraculeuses se produisent. Les malades affluent et apportent de nombreuses offrandes. Divers oratoires s’élèvent en son honneur, principalement dans le diocèse de Liège.

Saint Remacle est patron de 13 églises en province de Luxembourg et de 3 autres au Grand-Duché.

Saint Remacle est fêté le 3 septembre.

Rôle intercesseur : invoqué contre les loups et protecteur des troupeaux de porcs.

Origine du patronage local : la dîme partagée en trois parts fait penser à une paroisse créée à la période mérovingienne. L’abbé M. Muller rapporte qu’une charte de l’abbaye de Stavelot mentionnerait Hondelange parmi ses possessions 12 en 1130. En 1570, la visite canonique nous apprend qu’un tiers de la dîme revient à l’abbaye de Marienthal 5.

Patron secondaire : Notre-Dame des Sept Douleurs depuis 1716.

Origine de la dévotion : cette dévotion existait dès le 11ème siècle mais se développe au 15ème siècle. C’est alors que l’on crée le style artistique de la Pieta et Marie est appelée Mater Dolorosa. Cette dévotion est propagée par les Jésuites aux 17ème et 18ème siècles.

Origine du patronage local : Une confrérie est fondée à Hondelange en 1716, chargée tout particulièrement de prier pour les âmes du Purgatoire et les morts du siècle précédent (appelé « Siècle des malheurs » en raison des épidémies de peste et des massacres dus à la Guerre de Trente Ans).

Fête paroissiale : 3ème dimanche de septembre, jour de la procession solennelle à Notre-Dame des Sept Douleurs depuis 1717. En 1712, on fêtait la dédicace le 2ème dimanche après la Saint-Michel (29 septembre).

Petite fête : dimanche de la Passion (2 semaines avant Pâques)

Autres dévotions ou fêtes anciennes : En 1737, le curé fournit la liste des fêtes habituellement observées(et chômées) dans la paroisse depuis 1617 : la Saint-Remacle, patron principal ; la Saint-Marc à l’église Sainte-Croix ; le lundi des rogations à Sainte-Croix ; le mardi des rogations au village ; le mercredi des rogations à Barnich ; le lundi après Pentecôte, procession à Viville ; le lundi avant l’Octave du Corps du Christ, procession à saint Bernard à Clairefontaine ; à la Saint-Roch, procession à Habergy ; les habitants chôment aussi à la Sainte-Lucie, à la décollation de Jean-Baptiste, à la Saint-Sébastien, à Sainte Marie-Madeleine, Sainte-Anne, Saint-Martin et Saint-Nicolas 6.

Messancy

Patron principal : saint Jacques-le-Majeur

Biographie : fils de Zébédée et frère de Jean l’Evangéliste, Jacques était pêcheur sur le lac de Galilée ; il avait 12 ans de plus que Jésus. Il fut choisi pour assister à la Transfiguration. Il fut appelé Majeur pour le distinguer d’un autre apôtre portant le nom de Jacques, parent de Jésus. Décapité à Jérusalem par Hérode Agrippa en 44, il fut le premier apôtre martyr. La légende prétend qu’il évangélisa l’Espagne où son corps aurait miraculeusement été transporté après sa mort.

Attributs : représenté en habit de pèlerin avec cape, chapeau à large bord garni de coquilles Saint-Jacques, bâton et gourde ; il est parfois figuré avec une épée, instrument de son supplice (décapitation) ou sur un cheval blanc tenant les armes du chevalier pour rappeler son rôle légendaire dans la conduite des armées espagnoles pour la reconquête du territoire occupé par les Maures (= Matamore).

Origine de la dévotion : son corps aurait été découvert sur les rivages de Galice, près de Compostelle, au 7ème siècle. Son tombeau devint un lieu de pèlerinage important dès le 10ème siècle. Au cours du Moyen Age, les foules se pressèrent sur les quatre itinéraires développés en France (au départ de Tours, Vézelay, Le Puy et Arles) qui se fondaient en un seul trajet après les Pyrénées.

Saint Jacques-le-Majeur est fêté le 25 juillet.

Rôle intercesseur : patron et protecteur des pèlerins, des chapeliers, de l’Espagne.

Origine du patronage local : aucune preuve historique ne permet de dater la fondation de la paroisse. Bien que les vestiges d’un cimetière romain et la découverte de sarcophages mérovingiens prouvent une occupation ancienne sur le territoire de Messancy, le choix du patron et la dîme partagée en 5 parts plaident pour la création d’une paroisse au cours du Moyen Age. Les recherches actuelles ne permettent pas de placer Messancy sur une importante voie de pèlerinage. Une confrérie Saint-Jacques est signalée à la fin du Moyen Age mais ces fraternités étaient souvent fondées par des pèlerins revenus de Compostelle. Messancy, sans être le centre d’une église-mère, fut paroisse indépendante avec pour collateur le « Prince de la terre », désigné à la fin du 16ème siècle comme le « Duc de Luxembourg ». Messancy fut aussi le centre vers lequel convergeaient les processions des croix banales, ce qui lui donne une certaine prééminence sur les paroisses voisines (Guerlange, Hondelange, Sélange) pourtant de constitution ancienne 8. Peut-on imaginer que le premier titulaire ne fut pas Jacques-le-Majeur, celui-ci n’étant choisi que lors d’une reconstruction de l’église ? Aucune trace historique ne nous permet à ce jour d’identifier ce premier titulaire. L’origine de la paroisse reste donc une énigme.

Le diocèse de Trèves comptait peu d’églises dédiées à saint Jacques : Dondelange-Nospelt et les chapelles de Greiveldange, Welscheid, Reuland, Stenay, Mompach ainsi qu’Audun-le-Tiche, dépendant de la paroisse de Russange dont le collateur n’était autre que le seigneur de Messancy 14!

Patron secondaire : saint Christophe, également fêté le 25 juillet (était associé à Jacques-le- Majeur dans le calendrier de Trèves dès le Moyen Age). Un autel Saint-Christophe existait dans l’église paroissiale en 1445 car une messe pour les ducs de Bourgogne y fut fondée 8.

C’est aussi un protecteur des voyageurs ; il est invoqué plus particulièrement pour éviter de mourir en route sans le secours d’un prêtre. Saint Christophe est représenté en compagnie de Saint Jacques au pied de la croix sur un calvaire dressé aujourd’hui place de la Concordia.

Fête paroissiale : fête patronale le dimanche après le 25 juillet. Autrefois se tenait à Messancy une importante foire qui drainait nombre de marchands et d’acheteurs.

Petite fête : saint Barthélemy apôtre (24 août). Il s’agit vraisemblablement d’une dédicace ancienne. Aucune dévotion particulière ne fut rendue à ce saint dans la paroisse.

Autres dévotions ou fêtes anciennes : autrefois grand rassemblement régional le jour de la Sainte-Catherine (25 novembre) à l’occasion de la solennité de la confrérie de la Sainte Trinité. Les processions des croix banales, petit pèlerinage obligatoire imposé à date fixe pour une circonscription donnée, convergeaient vers Messancy le 3ème vendredi après Pâques. C’était jour chômé dans les paroisses des environs dont la population, bannières en tête, venaient offrir une obole symbolique à l’église.

Rachecourt

Patron principal : Notre-Dame de l’Assomption

Biographie : à sa mort, que les chrétiens orthodoxes appellent « Dormition », le corps de Marie a été élevé au ciel par des anges, sans être enseveli dans un tombeau.

Attributs: Marie est emportée vers le Ciel par des anges, sur une nuée.

Origine de la dévotion : saint Hilaire puis saint Bernard ont été les principaux promoteurs du culte de Marie en France. Clovis, Charlemagne puis le roi Saint-Louis prennent la Vierge comme patronne du royaume. Louis XIII impose en 1638 la fête de l’Assomption comme solennité avec procession dans tous les diocèses de France. Le dogme de l’Assomption n’est proclamé par le pape Pie XII qu’en 1950.

La fête de Marie emportée au Ciel à sa mort est donc un culte populaire en France. Le patronage des anciennes paroisses dédiées à Marie a souvent été adapté sous le vocable de Notre-Dame de l’Assomption qui est fêtée le 15 août.

Origine du patronage local : la paroisse se serait détachée de l’église-mère de Mont-Saint-Martin vers l’an Mil (1723 : location d’un champ Saint-Martin) ; en 1570, l’église locale est dédiée à Marie ; c’est l’abbaye de Marienthal (Val Marie) qui est collatrice. On trouve dans la toponymie du 18ème siècle un champ Notre-Dame 7.

Patron secondaire : saint Rombaut

Biographie : moine bénédictin anglo-saxon contemporain de saint Willibrord, il vient évangéliser nos régions, notamment le Brabant. Il vécut dans la pauvreté depuis sa jeunesse et réalisa plusieurs grands pèlerinages. Il se rend à Malines pour convertir le comte Adon et ressuscite son fils qui s’était noyé. Il est assassiné près de Malines le 24 juin 775.

Fêté le 1er juillet.

Attributs : évêque terrassant un mécréant ; représenté avec un crâne à ses pieds.

Origine du patronage local : la paroisse de Rachecourt parvint à se procurer des reliques de saint Rombaut dont le corps était conservé à Malines. On ne sait pas dans quelles circonstances ni par quel intermédiaire. Le culte est très ancien ; les reliques ont été authentifiées par les évêques de Malines et de Trèves en 1680.

Rôle intercesseur : il est invoqué contre les maladies du bétail.

Fête paroissiale : 3ème dimanche d’octobre, anniversaire de la translation des reliques de saint Rombaut (27 octobre) 16.

Petite fête : 1er dimanche de juillet, après la Saint-Rombaut.

Bien que la titulaire officielle soit Marie, sous le vocable de Notre-Dame de l’Assomption, l’importance particulière des reliques de saint Rombaut a pris le dessus et les dates, tant de la fête paroissiale que de la petite fête, ont été dictées par la dévotion au patron secondaire.

De nombreux paroissiens de Rachecourt sont d’ailleurs persuadés que le saint patron de leur église est Rombaut.

Sélange

Patron principal : sainte Odile

Biographie : née aveugle vers 660 à Oberheim dans les Vosges, d’une famille noble. Son père espérant un garçon ne veut pas la garder et la place dans une famille paysanne. A 12 ans, elle rentre dans un couvent où elle est baptisée; elle retrouve aussitôt la vue. Elle réussit à convertir son père. Elle fonde le monastère de l’Hohenburg (Mont-Sainte-Odile) où elle décède le 13 décembre 720.

Attributs : abbesse bénédictine tenant en mains le livre de la règle sur lequel sont posés deux yeux; parfois accompagnée d’un coq (lever du jour, triomphe de la lumière).

Ne pas confondre avec sainte Lucie, fêtée le même jour, représentée avec deux yeux sur un plateau.

Origine de la dévotion : invoquée dès le 9ème siècle en Alsace.

Fêtée le 13 décembre.

Rôle intercesseur : invoquée contre les maladies des yeux; patronne de l’Alsace.

Origine du patronage local : l’église paroissiale fut longtemps sous le patronage de Marie (« Marie Loesbruck »). La dévotion locale à sainte Odile existait cependant avant le 18ème siècle, un pèlerinage ayant lieu le 13 décembre. L’église de Loesbruck ayant été détruite par les armées françaises en 1794, elle fut reconstruite au centre du village en 1823. C’est à cette occasion que le patronage de sainte Odile fut choisi.

Patron secondaire : 14 saints auxiliaires (ou auxiliateurs)

Origine du patronage local : la dévotion à ces saints associés dans un même culte apparut en Allemagne du sud au 15ème siècle et fut diffusée par les ordres mendiants. En 1446, les 14 saints entourant Jésus apparaissent à un berger bullPic65. Il s’agit de Barbe, Catherine, Marguerite, Acace, Blaise, Christophe, Cyriaque, Denis, Erasme, Eustache, Georges, Gilles, Gui et Pantaléon. Ils sont invoqués contre les maladies, les épidémies et la guerre.

Fête paroissiale : le 4ème dimanche après Pâques. Cette date correspond vraisemblablement à la dédicace d’une église ancienne (1823 ou 1853 car la première église du village, mal bâtie, dut être reconstruite après 30 ans)

Petite fête : 1er dimanche de septembre

Autres dévotions ou fêtes anciennes : pèlerinage aux 14 saints auxiliaires l’avant dernier dimanche de juillet; il en subsiste aujourd’hui la bénédiction des véhicules à la Saint-Christophe (25 juillet).

Turpange

Patron principal : saint Hubert

Biographie : voir Bébange

Origine du patronage local : Turpange dépendait de la paroisse de Sélange et ne fut officiellement érigé en chapellenie qu’en 1852 puis en paroisse le 26 septembre 1907 4. Une église fut construite en 1851-52.

Malgré cette période récente, aucun document ne nous permet à ce jour de connaître la raison du choix du titulaire. D’après des témoignages d’anciens paroissiens, le patron aurait été choisi car il était invoqué auparavant dans la paroisse-mère de Sélange 13. Si, effectivement, la Saint-Hubert fut une des fêtes chômées à Sélange 6 (sans être une fête principale), cela ne constitue cependant pas une preuve de l’origine du patronage.

Patron secondaire : non connu

Fête paroissiale : le 1er dimanche après la Saint-Hubert (3 novembre)

Petite fête : non connue mais adoration le 24 juillet

Autres dévotions ou fêtes anciennes : les paroissiens participaient à de nombreux pèlerinages dont celui dédié aux saints Rombaut et Paulin à Sesselich, invoqués contre les maladies des porcs et du bétail.

Wolkrange

Patron principaux : sainte Marie et Sainte Croix puis uniquement Sainte Croix

Biographie : la mère de l’empereur Constantin, sainte Hélène, fait effectuer des fouilles pour rechercher la croix du Christ. Celle-ci ayant été retrouvée en 326 (date commémorée par la fête de l’ « Invention de la Croix »), une basilique fut construite à Jérusalem pour la recevoir. Quand la ville est pillée par les Perses en 614, ils emportent la Croix. Elle sera restituée 10 ans plus tard (événement fêté le 14 septembre sous le vocable de l’Exaltation de la vraie Croix). Elle est ensuite divisée en trois parties, l’une restant à Jérusalem, une autre étant expédiée à Rome et la troisième à Constantinople. Ces trois morceaux seront ensuite divisés en de multiples petits fragments envoyés comme reliques dans toute la chrétienté.

Origine de la dévotion : la croix ne devint le symbole officiel de l’Eglise qu’au 5ème siècle. La fête de la Sainte Croix fut introduite à Rome au 7ème siècle. Elle est célébrée le 3 mai.

Origine du patronage local : 1) l’église primitive de Wolkrange, une église-mère, était située sur le chemin de Hondelange, à l’intersection avec la route Arlon-Longwy. La visite canonique de 1570 relève comme titulaires sainte Marie et Sainte Croix ; en 1712, la Vierge Marie; en 1738, Sainte Croix; en 1773, Vierge Marie et Sainte Croix. Le patronage est donc hésitant et associe Marie et la Croix; l’inscription gravée sur la cloche fondue en 1790 illustre bien cette dualité : « Je m’appelle Marie de la Sainte Croix ». L’église, profanée en 1793, est laissée à l’abandon. L’ancienne paroisse est démantelée en 1807 et divisée en quatre paroisses.

2) Au village existait une chapelle répertoriée en 1570, reconstruite en 1677 après un incendie puis en 1727. Les titulaires en étaient saint Sébastien et sainte Barbe. Une nouvelle église est construite en 1826 après la nouvelle répartition des paroisses en utilisant les pierres de l’ancienne église-mère et de la chapelle Saint-Sébastien détruite à ce moment. Elle fut placée sous la protection de la Sainte Croix 9.

Patron secondaire : saint Nicolas et sainte Barbe pour l’église-mère au 18ème siècle 6.

Fête paroissiale : dimanche après le 3 mai (Invention de la Sainte Croix)

Petite fête :  le dimanche après la Toussaint, dédicace ancienne déjà signalée en 1712.

Autres dévotions ou fêtes anciennes : un chemin de croix illustrant les 7 chutes du Christ fut érigé entre le village et l’église-mère au début du 17ème siècle ; ultérieurement, ce sont les 7 pertes de sang qui ont été honorées.

Au 18ème siècle existaient deux confréries, Saint-Sébastien et Sainte Croix.

Bibliographie :

Pour se documenter sur la vie des saints, nous pouvons recommander :

Duchet-Suchaux G. et Pastoureau M., La bible et les saints, Ed. Flammarion, Paris 1994

Englebert O., La Fleur des Saints, Ed. Albin Michel, Paris, 1984

Giorgi R., Les Saints, Ed. Hazan, Paris 2003

Traditions et saints du printemps, Musée en Piconrue, Bastogne 1992

Traditions et saints de l’été, Musée en Piconrue, Bastogne 1994

Traditions et saints de l’automne, Musée en Piconrue, Bastogne 1997

Tradition et saints de l’hiver, Musée en Piconrue, Bastogne 1999

AL Archives Nationales Luxembourg, A XXIII – 11 culte

1. Amand de Mendieta G., Répertoire photographique du mobilier des sanctuaires de Belgique,

Canton de Messancy, Bruxelles 1977

2. Donckel E., Die Kirche in Luxemburg, Luxembourg 1950.

3. de Moreau E., Histoire de l’Eglise en Belgique T3 (1122-1378), L’Edition Universelle,

Bruxelles 1945

4. Gennart J., Diocèse de Namur, Paroisses et édifices du culte  1808 – 1979, Namur  1980

5. Heydinger J., Archidiaconatus tituli S. Agathes in Longuiono, Trèves 1884

6. Lefèbvre Louis, Les fêtes observées dans les paroisses du Duché de Luxembourg en 1737,

AIAL T. C, 1969

7. Mathieu P., Toponymie de Rachecourt, AIAA Tome CXXX, 1999

8. Moïs C., Chronique de la paroisse Saint Jacques de Messancy in  Messancy-Bébange,

Eglises et paroisses 1847-1997, Messancy 1997

9. Moïs C., Découvre ta paroisse Messancy-Jubilé 2000, plaquette éditée par l’auteur en 2000

10. abbé Muller M., Histoire de Habergy et Guelff (non daté, Aubange)

11. abbé Muller M., Autour de l’ancienne église de Guerlange, Aubange 1958

12. abbé Muller M., Histoire de la Paroisse de Hondelange, Aubange  1959

13. Schrobiltgen E., Paroisse de Turpange, Notre église 1851-2001, Turpange 2001

14. Simmer A., Les seigneurs d’Audun-le-Tiche, Coll. Région de Thionville 1984

15. Tandel E., Les communes luxembourgeoises, TII L’arrondissement d’Arlon, 1889

16. Thiéry V., Rachecourt aux temps anciens, chez l’auteur.

17. Wagner P. , Paroisse et église de Bébange in Messancy-Bébange, Eglises et paroisses

1847-1997, Messancy 1997

Saints patrons et fêtes paroissiales du doyenné de Messancy.