Jean-Bernard MARLET (1760 – 1834)
Jean-Marie Zimmerman
Jean-Bernard est né le 15 juillet 1760 à Waillimont (actuellement commune de Herbeumont ). Il était le fils de Gérard MARLET, facteur des forges de Biourge et Waillimont pour le compte des de Gerlache, et de Marie-Josèphe FONTAINE, sa 3° épouse. La forge-platinerie de Waillimont avait été créée en 1693 avec la permission du prince Loewenstein, seigneur d’Herbeumont. Jean-Bernard a un frère Jean-Grégoire, né à Orgéo en 1762 (qui sera nommé avocat le 31-10-1789 ) Jean-Bernard est décrit comme ayant les cheveux blonds, les yeux gris, la barbe blonde et le menton en fourchette. Il fut d’abord marchand puis grâce aux relations de son père, trouva de l’emploi dans diverses administrations. Il épousa Dieudonnée-Antoinette COLLETTE, née vers 1776 (probablement à Neufchâteau) fille de Maximilien-Henri, marchand originaire de Bertrix, et Marie-Antoinette Toussaint. De ce mariage naquit Maximilien-Bernard-Joseph (né vers 1798 à Luxembourg, qui décédera à Differt le 3-2-1847) » voir ci-dessous » En 1795, au moment de l’invasion de notre territoire par les Français, Jean-Bernard rallia très vite les nouvelles autorités et il occupa le 30 mars le poste de Commissaire de l’administration du Luxembourg et en 1796/97 celui de Receveur des droits d’enregistrement à Luxembourg (Receveur des domaines nationaux). “ Il avait le nez fin “ ! Par la suite il profitera de sa situation pour devenir un des principaux “ acquéreurs “ lors de la vente des biens nationaux.
C’est ainsi qu’il “ acheta “ :
- le 16 janvier 1797 pour 12.100 livres en assignats, soit 240 fr en espèces, le refuge de l’abbaye de Clairefontaine à Luxembourg, situé dans la rue du même nom , aujourd’hui démoli après avoir hébergé la banque Fehlen et le laboratoire de l’état .
- le 7 décembre 1797, un bien national provenant du couvent de Marienthal situé sur le territoire des communes de Differt, Messancy, Hondelange et Turpange. Cet achat fut réalisé grâce à l’appui de son beau-frère Jean-François FARGEAU – POUILLANDE, dit Decarniere, originaire de Maubeuge et bien placé car il était inspecteur des domaines nationaux à Luxembourg.
- il acheta également les biens de la cure de Saint Léger etc ….
Il occupa ensuite le poste d’Ingénieur du Cadastre puis celui de Juge de Paix à Messancy et maire de Sélange (il était le seul à posséder un fusil de chasse dans ce dernier village). C’est probablement vers cette époque qu’il construisit sa demeure à Differt qui sera achetée en 1889 par les Pères Maristes venus de France et qui étaient installés depuis peu à Battincourt. Ce fut l’embryon de l’actuel complexe scolaire Cardijn-Lorraine.
De 1800 à 1804, il est Conseiller général. En tant que plus gros contribuable de la commune de Messancy, il paye 339,33 fr de contribution pour un revenu déclaré de 2000 fr. Le 18 février 1819, alors qu’il habite à Differt, il achète en vente publique à Habay-la-Neuve ce qui restait de l’ancienne seigneurie de Witry. Pendant 4 siècles environ, la seigneurie de Witry resta dans la maison de Pittange, à part une interruption de quelques années où elle passa dans celle des marquis de Bade. Vendue ensuite à Robert de Lamborel, elle entre par mariage dans la maison d’Everlange, pour être revendue en 1783 au duc Lamoral-Florent de Corswaren-Looz. Son successeur Guillaume, duc de Looz-Corswaren émigra en Allemagne à l’arrivée des troupes françaises et la seigneurie disparut dans le gouffre de la révolution. Quant à la terre qui en dépendait, elle fut confisquée puis vendue à un marquis de la Point. Les héritiers du duc réclamèrent leurs propriétés et furent remis en possession de Witry. Un jour de mars 1807, le château féodal étant inhabité, on y aperçut de la fumée et des flammes ; tout y brûlait. Les gens du village accoururent mais leurs efforts ne réussirent qu’à préserver les maisons voisines. Tous conclurent que c’était l’oeuvre d’un criminel. Les débris du manoir furent vendus pièce par pièce et pendant plusieurs années quiconque bâtissait venait s’y fournir en pierre, poutres et châssis. En 1819, les héritiers décidés à abandonner le Luxembourg vendirent toutes les propriétés qu’ils possédaient dans le Grand-Duché. Jean-Bernard acheta les 2 fermes restante, le moulin et des bois pour 83.000 fr .
De 1819 à 1830, il sera encore membre des Etats Provinciaux pour le district d’Arlon dans l’ordre des campagnes et de 1830 à 1831 ou 34, député au Congrès.
Probablement de sang chaud, il sera en octobre 1830, à 70 ans, un des organisateurs du corps-franc Luxembourgeois qui combattit le régime Hollandais pour l’indépendance de la Belgique.
Il mourut à Differt – Messancy le 27 mars 1834 après une vie fructueuse et bien remplie. Son fils Maximilien-Bernard-Joseph est né à Luxembourg vers 1798
Il épousa Constance DOUCET, fille de Pierre-Charles et Marguerite BLAY (dont les parents habitent Metz en Novembre 1845). Constance est rentière à Ixelles au mariage de sa fille en 1839. Le couple habite au « château » (villa) Marlet à Differt. Maximilien-Bernard sera aussi Juge de Paix et échevin (1823) à Messancy et conseiller provincial du canton de Messancy de 1838 à 39 et de 1846 à 1847.
Il décède à Differt le 3 fevrier 1847 et sa fille, Joséphine-Marguerite-Antoinette, mariée au médecin Jean-Nicolas LENGER, (conseiller provincial 1860-67 et 1872-1884) hérite du château, du moulin de Differt ainsi que du moulin de Turpange ( mariage à Messancy le 17-12-1839 ). ( AEArlon – Notaire Ad. Tesch – protocole de 1847 – actes 161, 163, 165, 170 des 10, 14, 17, 24 avril 1847)
Sources :
Emile TANDEL : Les communes Luxembourgeoises, 1889 ;
AEArlon – Notariat Adolphe Tesch – Messancy
Annales de l’Institut Archéologique de la Province de Luxembourg à Arlon 1995/96