Les écoles de Sélange
Introduction
Le territoire de Sélange fut tantôt une commune indépendante, tantôt une section de la commune de Messancy. Devenue mairie à part entière en 1796 (avec Turpange et Differt comme sections), elle est rattachée à Messancy en 1823. La loi du 28 mars 1876 érige à nouveau Sélange en commune autonome qui le restera jusqu’à la fusion des communes en 1977.
La population de Sélange s’est accrue de façon importante et rapide au cours du 19ème siècle. De 316 habitants en 1803, elle passe à 342 en 1806, 411 en 1831, 480 en 1838, 604 en 1850, 656 en 1875 et 723 en 1895. En dehors des structures agricoles traditionnelles qui se développent, la proximité de la frontière luxembourgeoise (établie définitivement en 1839) amène non seulement des commerçants mais aussi un important contingent de douaniers. Le minerai de fer fut aussi exploité sur le territoire communal. Le corollaire de cette expansion est évidemment un nombre d’enfants à scolariser qui ne cesse d’augmenter.
Les débuts de l’enseignement
Dès la fin du 18ème siècle, les enfants du village ont pu bénéficier d’un enseignement, rudimentaire sans doute. En 1803 (sous le régime français), le maire Pierre Schmit écrit au préfet du département des Forêts : « Nous n’avons jamais eu d’autre école que celle que tenait le prêtre et le vicaire, dans laquelle les enfants apprenaient à lire et écrire et furent instruits dans le règlement de la Religion et disposés à être admis à la première communion. Les frais de l’instruction incombent au compte de chaque particulier qui a des enfants qui doivent être instruits »[i]. Un rapport de 1803 précise également qu’existent au village une maison pour le curé et une maison pour le chapelain – maître d’école. On peut supposer que la classe avait lieu dans cette maison particulière. C’est donc un enseignement qui était dispensé par l’Église, dans le but de permettre aux enfants de lire les textes religieux et les chants de la messe. Il n’empêche que les enfants recevaient ainsi un minimum d’instruction.
Le livre des comptes de la commune de Messancy entre 1807 et 1847[ii] est un précieux outil pour découvrir les débuts de l’enseignement à Sélange. Jusqu’en 1824, aucune somme ne figure aux postes « Traitement d’instituteur » et « Entretien et loyer de la maison d’école ».
Le maire Pierre Schmit écrit au préfet du département en 1807 : « Nous tâchons d’avoir pour l’hiver un maître d’école d’enfans pour troy ou quatre moys comme nous pouvons et au meilleur marché ». Le régime français tente d’organiser un enseignement communal, encore faut-il trouver des maîtres (compétents ?) et avoir de quoi les rémunérer. Cela parait difficile pour une petite commune rurale comme Sélange.
En 1810, Le maire Jean Remy Hoffelt fait parvenir à l’administration de Luxembourg un tableau dans lequel il indique que l’instituteur est Christophe Zimmerman, âgé de 28 ans, résidant à Messancy. Il enseigne pendant l’hiver, durant six mois. Il y a un logement prévu par la commune mais qu’il n’occupe pas. Ses indemnités sont payées par les élèves à raison de 6 sols pour ceux qui savent lire et 12 sols pour ceux qui apprennent à lire et écrire. Il est curieux de constater d’autre part que Christophe Zimmerman sera exempté de conscription car il est sourd ! A-t-il simulé devant le conseil de révision ou les premiers élèves de l’école communale de Sélange ont-ils eu un maître qui était réellement sourd ? Comme il devint par après sacristain de Messancy et chantre, nous pouvons effectivement en douter.
Mais ce document nous permet de fixer à 1810 les débuts de l’enseignement communal.
C’est en 1825 qu’apparaît une somme de 14,39 florins comme traitement d’un instituteur. A titre de comparaison, la commune octroyait au garde-champêtre un traitement annuel de 40 florins. Nous pouvons supposer que, si la caisse communale intervenait enfin, les parents devaient encore participer à la rémunération de l’enseignant, pratique retrouvée également dans des comptes ultérieurs.
Les écoles.
La première école communale en 1827
Une somme de 393,09 florins est inscrite dans les comptes communaux de 1827 pour « Construction de la maison d’école » : voilà une autre date clé du début de l’enseignement à Sélange
Les cours furent initialement donnés avant 1825 dans la maison Limpach. Après l’inauguration de l’église en 1824, l’ancienne chapelle servit, durant la semaine de salle de classe[iii].
Dès ce moment, l’école de Sélange fut une école communale à temps plein. Seul Messancy a bénéficié du même statut. Les autres sections furent dotées, dans un premier temps, d’une « école d’hiver » où l’enseignement primaire n’était dispensé que durant la mauvaise saison, les enfants étant réquisitionnés par les travaux agricoles pendant une bonne partie de l’année.
Nous ne disposons malheureusement plus des plans du premier bâtiment construit en 1827. D’après le plan du village dressé en 1862, on peut le situer presque en face de l’église, au début de l’actuelle rue Sainte Odile. Il ne comprenait certainement pas de logement pour l’instituteur puisque, en 1849, ce dernier le déplore. Dans sa missive à l’administration communale, il signale par ailleurs que « Le bâtiment de l’école est tellement délabré de vétusté que sa reconstruction est indispensable »[iv]. Le local en question n’a que 22 ans !
Malgré cette alerte, rien ne bouge. Le Livre de Budget de la commune nous renseigne pour 1850[v], dans la partie spécifiquement consacrée à l’enseignement :
« Existe-t-il un bâtiment d’école : oui
« Existe-t-il un logement pour l’instituteur : non ».
La commune débourse, en cette année 1850, une somme de 10 fr pour l’entretien de l’école, 25 f pour les fournitures scolaires des indigents et alloue 40 f à l’instituteur pour ses frais de logement.
Des documents ultérieurs nous apprennent qu’il n’y avait qu’un local pour tous les élèves. En 1850, on compte 38 garçons et 42 filles en âge de scolarité ; les parents de 20 enfants ne peuvent subvenir aux frais d’instruction. Les élèves solvables paient 120 f à l’instituteur, la commune lui verse 200 f de salaire et 80 f de compensation pour les indigents (soit un traitement annuel de 400 f).
La seconde école communale en 1864
L’inspecteur provincial Grégorius alerte le gouverneur de la province par une missive du 28 juin 1860 : « La salle d’école de Sélange est mauvaise, manque d’air et de lumière et est trop petite pour la population scolaire qui la fréquente. Je vous prie donc, monsieur le Gouverneur, d’engager l’administration locale à prendre immédiatement des mesures pour la construction d’un local plus convenable. » L’avis de l’inspecteur semble surtout motivé par l’exiguïté des locaux (il y avait alors une population scolaire théorique de 95 enfants) que par l’état de ruine du bâtiment.
Le bourgmestre de Messancy Tewes et le secrétaire Kirsch sont cependant sensibles aux pressions provinciales et, après examen des comptes, estiment que la commune peut dégager en 1860 une somme de 11.000 f pour un nouveau bâtiment. Le conseil communal est d’accord pour un investissement limité à 13.000 f. La commune va donc solliciter de l’État un subside de 2000 f. Le conseil communal propose pour cette construction d’acquérir un terrain « à l’extrémité du village, sur le chemin de Turpange ; un terrain sec et aéré ». C’est une terre labourable de 22 ares.
L’architecte provincial Albert Jamot est pressenti pour dresser les plans. Il les remettra le 24 mai 1861 (326, 4 f d’honoraires). Un tel dossier devait être accompagné d’un plan général du village avec localisation des bâtiments publics existants. Ce plan fut dressé par le commissaire-voyer du canton d’Arlon Henri Joseph Collard en 1860 puis modifié et signé le 28 mars 1862. Celui-ci nous montre que la vieille école se situait au croisement des (actuelles) rue Haute et rue Sainte-Odile (qui n’était alors qu’un chemin).
Le projet de l’architecte Jamot est soumis à l’inspecteur provincial qui, tout en l’acceptant en juin 1861, regrette qu’il ne prévoie qu’une seule salle de classe. Les quelques mètres carrés non bâtis devaient devenir le jardin de l’instituteur qui disposait alors d’un logement à l’étage.
A la demande du conseil communal, un second projet est alors proposé par l’architecte Jamot le 28 juin 1862. Il est accepté par l’inspecteur et le ministre de l’Intérieur donne son approbation le 20 septembre 1862.
Mais deux événements surviennent dans les mois qui suivent la décision de construire. D’une part, la population et certains échevins s’opposent à l’emplacement choisi : l’école doit rester au centre du village, à l’emplacement de l’ancien bâtiment. Un bras de fer s’engage entre l’administration communale de Messancy et les Sélangeois. En sa séance du 9 mai 1862, le conseil communal prend la décision finale : l’école ne sera pas construite à la sortie du village vers Turpange mais sur un terrain appartenant à la section entre l’église et la cure. Elle comportera deux classes (pour filles et garçons) mais, vu les limites du terrain, ne pourra pas contenir de logement pour l’instituteur.
D’autre part, le gouverneur avertit l’inspecteur Grégorius en date du 6 octobre 1862 qu’on venait de lui rapporter que le bâtiment d’école de Sélange menaçait ruine. Les démarches administratives amènent alors l’administration communale à abandonner les locaux (enfin) reconnus comme dangereux. Un bail est passé entre Antoine Schmit, cultivateur à Sélange, et Antoine Schouweiler, échevin de la section, pour location d’une chambre dans la maison appartenant au premier nommé, située entre Ney et Frick, pour la tenue de l’école communale « en attendant la construction des nouveaux bâtiments ». Ce bail commencera le 1er janvier 1863 et se terminera le 1er septembre 1863, pour un loyer mensuel de 24 f.
L’adjudication des travaux se déroule à la maison communale de Messancy le 19 novembre 1862, sous la présidence du notaire Tesch. Le devis de l’architecte pour la construction et les fournitures s’élevait à 13.655 f. L’adjudication au rabais est emportée par François Muller, menuisier à Turpange, pour la somme de 10.992,28 f.
Dans un courrier de l’inspecteur Grégorius expédié au gouverneur de la province le 9 janvier 1863, nous apprenons que la démolition du vieux bâtiment est déjà commencée. Les travaux ont été confiés à Jacques Erpelding, manœuvre à Sélange, pour le salaire d’1 f par jour. La durée de la démolition est estimée à 119 journées.
L’entrepreneur Muller demande la réception du chantier le 10 avril 1864 : il considère que les travaux sont terminés.
Il reste la formalité de réception définitive en présence de l’architecte. Le bourgmestre Welschen écrit au commissaire d’arrondissement en date du 7 octobre 1866 pour lui signaler que la maison d’école est terminée depuis plus d’un an et que l’architecte n’est toujours pas venu. Albert Jamot se déplacera finalement à Sélange le 5 février 1867.
En août 1908, la commune charge le commissaire-voyer Wanlin de dresser un projet de travaux à l’école : restauration du mur de clôture, réfection du pavage de la cour, renouvellement des planchers et des fenêtres. Monsieur Wanlin a-t-il remis son projet ? En tout cas, c’est l’architecte Lamy qui propose un plan dès le mois de septembre. Ce dossier est accepté par le Ministère des Sciences et des Arts le 31 janvier 1910. Le devis se monte à 3440 f. L’adjudication, faite par le bourgmestre Jean Baptiste Schockmel le 21 octobre 1910, est attribuée à Victor Blum – Reuter, menuisier à Sélange.
L’administration communale commande à Neufchâteau quarante nouveaux bancs – pupitres en 1925 pour la somme de 6900 f. Cette décision fut prise à la suite de l’intervention de l’inspecteur qui avait trouvé les bancs vraiment trop délabrés.
Le bâtiment sera démoli en 1960 pour laisser place à un « abribus » et dégager le carrefour.
L’école libre
L’arrivée au pouvoir du Parti libéral, après les élections de 1879, et les mesures prises par le ministre de l’Instruction publique Van Humbeek, déclenchent une « guerre scolaire ». Comme à Turpange, le curé qui était à l’époque Nicolas Klein organise un enseignement « libre »[vi]. Une petite phrase sibylline figure dans le compte-rendu le la séance du conseil de fabrique tenu le 12 février 1880 : « il y a une école libre mais elle a toujours été tenue par une institutrice »[vii]. Paul Ley, devenu prêtre ensuite, y aurait enseigné en 1884[viii]. Cette même année, il tenait cependant la classe libre de Turpange[ix].
Le conseil communal du 8 août 1884 vote une protestation contre le nouveau projet de loi scolaire : « … Considérant qu’il cherche à réduire à la misère les membres du corps enseignant officiel dont la seule faute est d’avoir obéi aux lois du pays ;
Considérant que sous forme d’autonomie communale, il contraint la plupart des écoles rurales libérales au sacrifice de leurs sentiments les plus chers si, faute de ressources, elles doivent céder l’école de leur choix à celles du clergé … Proteste de toutes ses forces à la majorité du conseil contre le projet et décide que cette protestation sera transmise aux chambres législatives » (texte signé par le bourgmestre Kergen et les conseillers Schouweiler, Altzinger et Tontlinger.) Les altercations entre le curé et le bourgmestre furent parfois vives en cette période.
L’école libre cesse ses activités le 2 décembre 1885[x]. Le conseil communal du 2 janvier 1886 délibère : «Attendu que l’école primaire libre de Sélange a cessé d’être et que les enfants de la dite école fréquentent les écoles communales, Considérant que cette fréquentation a augmenté le nombre des indigents … Décide : sont admis les enfants ci-dessous mentionnés à jouir du bienfait de l’instruction gratuite dans les écoles primaires communales pendant le cours de l’année 1885 et 1886 ». Cinq enfants provenant de trois familles figurent sur la liste des indigents auparavant scolarisés à l’école libre.
La troisième école communale de 1938 à 1959 (le « groupe scolaire »)
Le gouverneur de la province suggère à la commune, dès 1929, de moderniser ses locaux scolaires. La réponse est donnée au cours de la réunion du conseil communal du 18 janvier 1930 : « Attendu que les locaux scolaires actuels consistant en deux vastes classes se trouvent en parfait état d’entretien et ne nécessitent aucune réparation quelle qu’elle soit … Ces locaux possèdent une cour d’environ 100 m2 où sont installés les aisances, les urinoirs et la remise à charbon ….
Décide à l’unanimité que l’organisation matérielle de l’enseignement primaire à Sélange est en bon état et qu’il n’y a pas lieu de créer de nouveaux locaux scolaires ».
Mais c’est une prise de position de façade : les finances communales ont du faire face à l’installation des égouts et de l’électricité ainsi qu’à la réfection de chemins et les caisses sont vides. Le revirement arrive en août puisque « la commune est disposée à construire de nouveaux locaux scolaires dès que sa situation financière lui permettra cette réalisation ».
Il faut cependant attendre 1938 pour voir la proposition de construction d’un « groupe scolaire » ainsi que d’une maison communale attenante. La décision est prise lors du conseil communal du 6 février 1938. Pour réaliser ce projet ambitieux, un terrain d’une superficie de 33,9 ares situé « Im Brüll » (entre la rue des Roses et la ruelle Jean-Baptiste) est acheté en avril 1938 à Léon Gennotte – Wolff pour la somme de 20.000 f.
Les aléas de l’histoire feront qu’au début de la guerre qui éclate deux ans plus tard, le conseil communal n’a plus la possibilité d’emprunter pour ses dépenses extraordinaires. Il se tourne alors vers des particuliers dont monsieur Gennotte qui accepte de prêter 19.000 f !
Le conseil communal se réunit encore le 14 février 1938, sous la présidence du bourgmestre Limpach : « Vu la délibération du 5 février ordonnant l’élaboration du projet de construction de nouvelles écoles communales ….
Décide de demander à la Députation permanente l’autorisation de confier à Léon Lamy d’Arlon l’avant-projet et, le cas échéant, le projet définitif des travaux de la construction de nouveaux locaux scolaires comportant trois classes et deux cours ».
La mobilisation puis la période de guerre vont considérablement retarder la réalisation de ces constructions.
Le sujet est à nouveau à l’ordre du jour des conseils communaux du 31 mars 1945 et 2 mai 1947. En mars 1947, le conseil décide également d’enrocher la ruelle Jean-Baptiste « considérant que de nouveaux locaux scolaires y seront édifiés en 1948 ». Un avant-projet réalisé par l’architecte Léon Lamy est présenté en mai 1947.
Le projet est vraiment repris en 1949 : les plans et devis sont approuvés en mars par le conseil communal. Mais le temps a passé, les critères ont changés et le dossier est remanié. Il subit de nombreuses critiques de la part de l’inspecteur cantonal. Le bourgmestre J. Poiré va réagir assez vertement dans une lettre adressée à l’inspecteur le 12 juillet 1949 : « Nous avons bien reçu votre rapport du 4 juin écoulé et sommes très étonnés de son contenu.
En effet, contrairement à vos considérations, ce sont les locaux communaux qui sont non seulement étriqués mais entièrement relégués à l’étage, tandis que les écoles ont toute l’ampleur voulue, vu qu’elles disposent de l’entièreté du terrain et sont totalement indépendantes de la maison communale. ….
Mais allons droit aux faits : c’est la maison communale qui vous gêne. Sous ce rapport, nous ne vous comprenons pas. Vous devez avoir une fort mauvaise conception de la vie communale. Pourtant, nous sommes bien plus intéressés au bon fonctionnement de nos écoles que l’inspection elle-même. ….
A la Libération, un avant-projet a été soumis à la direction de l’Urbanisme qui l’a fait modifier à plusieurs reprises pour en arriver au projet actuel. Le résultat de toutes ces tergiversations se passe sur le dos de la commune car le 1er devis s’élevait à 483.000 f et celui-ci à 3.159.000 f. …. »
L’inspecteur cantonal Lepage, appuyé par l’inspecteur principal, campe sur ses positions et répond assez brièvement le 22 juillet : « L’inspection scolaire… maintient ses avis et considérations contenus dans son rapport du 4 juin. En ce, elle ne tient nullement à faire montre d’une intransigeance allant jusqu’à proposer le rejet pur et simple du projet présenté et désire attirer l’attention sur le fait qu’elle est toujours disposée à admettre les modifications et améliorations au projet qui fut soumis, si celles-ci rentrent au mieux dans le cadre des considérations émises au rapport précité ».
De son côté, l’administration de l’Urbanisme remet en cause l’autorisation de 1938.
Un nouveau dossier est ouvert en août 1950. Le gouverneur de la province renvoie au Ministère des Travaux public un projet le 4 mai 1951. Mais la décision traîne. Une adjudication a lieu le 25 juin 1954 mais n’est toujours pas approuvée par le ministre des Travaux publics en juin 1957. L’entrepreneur choisi renonce à l’adjudication. Le collège est chargé d’élaborer un nouveau projet et le conseil prend la décision de couvrir les frais de la construction par un emprunt auprès du Crédit communal.
L’architecte Léon Lamy délivre une nouvelle mouture des plans en juillet 1957. Une adjudication est enfin lancée mais l’entrepreneur choisi se désiste.
Le conseil communal, réuni le 14 octobre 1957 sous la présidence du bourgmestre J.F. Poiré constate :
« Vu l’autorisation de faire dresser un projet pour nouveaux locaux scolaires accordée le 24 février 1938 par la Députation permanente ;
Vu l’état lamentable des locaux scolaires dépourvus de cour ;
Vu la renonciation de l’entrepreneur adjudicataire ;
Le conseil décide de charger le collège d’élaborer un nouveau projet. »
Ce projet, qui comprend une classe gardienne, reçoit l’aval de l’inspecteur cantonal Lepage en date du 9 décembre 1957.
Une nouvelle adjudication organisée le 31 mars 1958 est emportée par l’entreprise Lucien Godard et fils de Bertrix pour 1.734.485 f. Monsieur Godard commence les travaux et le bâtiment est terminé fin août 1959. Mais, en novembre 1959, monsieur Godard se désiste pour l’installation du chauffage central. Ce poste est alors confié à Louis Gillet de Tintigny.
La réception définitive peut avoir lieu le 18 novembre 1960. Le décompte final du coût des travaux, établi par l’architecte Lamy, se monte à 1.735.908 f.
La décision de démolir l’ancienne école est prise lors du conseil communal du 5 mai 1959. La soumission est emportée par Jacques Ketels de Châtillon et la réception de ces travaux a lieu en mars 1961.
Entre-temps, l’inauguration officielle du nouveau « groupe scolaire » s’est déroulée le 22 mai 1960. Le conseil présidé par le bourgmestre Paul Lichtfus, l’échevin Luc Hirtz et le secrétaire Jean Poiré ont prévu au programme :
10 h : messe par monseigneur Musty
10h45 : cortège vers les nouveaux bâtiments.
Les personnalités invitées étaient notamment : monsieur le gouverneur, le sénateur Nothomb, messieurs Adam, sénateur, Decker, député, Kieffer, député permanent, Claisse, directeur ST, Yante, agent ST, Guillaume, architecte provincial, Christophe, commissaire d’arrondissement et l’abbé Weber, curé. L’architecte Lamy avait fait savoir qu’il ne lui serait pas possible d’être présent. Un repas réunit ensuite tout ce beau monde.
Dès 1965, la commune est confrontée au manque de locaux en raison de l’augmentation de la population et, par conséquent, du nombre d’enfants scolarisables. En mars, le collège est chargé de faire élaborer un avant-projet pour de nouvelles classes. En septembre, le conseil décide de construire « de toute urgence » deux nouvelles classes, l’une pour le maternel, l’autre pour le primaire. Mais rien ne se fait.
En 1967, un rapport de l’inspecteur cantonal exige le dédoublement tant de l’école des garçons (qui compte 39 élèves) que celle des filles (38 élèves). Le principe est accepté et les élèves seront hébergés « temporairement » dans le bureau communal et dans la salle du conseil. Deux enseignantes supplémentaires sont engagées.
Les plans et cahier des charges pour la construction de nouvelles classes sont approuvés le 29 février 1969. En septembre 1971, le conseil constate que ces travaux adjugés à l’entreprise Hotton d’Aubange suivant les plans de l’architecte Lamy ne sont toujours pas entamés. Une réunion entre les différentes parties est alors décidée pour savoir quelle suite donner à ce dossier.
D’autres travaux d’aménagement et d’agrandissement interviendront encore ultérieurement. Sur un projet de l’architecte Neu remis en 1989, une nouvelle tranche est adjugée en 1998.
Les enseignants
Le 19ème siècle
Les instituteurs
Comme nous l’avons vu, le premier instituteur communal fut Christophe Zimmerman de Messancy en 1810. Tailleur d’habits de profession, il était né le 2 mars 1782, fils de François Zimmerman et Marguerite Scheer. Il s’est marié trois fois. En 1802 avec Jeanne Asselbourg de Bascharage, dont il eut six enfants ; en 1821 ensuite avec Anne-Marie Barnich de Tontelange dont il eut également six enfants. Devenu veuf une seconde fois, il épouse en 1844 Marguerite Antoine d’Athus, elle-même veuve de Claude Parmentier, cloutier à Longlaville[xi]. Avait-il une quelconque formation lui permettant d’enseigner ? Il a vraisemblablement enseigné à Sélange jusqu’en 1816. En 1818, la paroisse de Messancy n’ayant plus de vicaire – instituteur, Christophe Zimmerman est sollicité par le curé Jean- Baptiste Rodesch et vient tenir la classe au presbytère de Messancy[xii].
En début de période hollandaise, après 1816, il semble bien que la commune n’ait plus trouvé d’enseignant.
Qui fut instituteur à Sélange à partir de 1825 ? Les documents existants n’ont pas permis de trouver son nom. Il faut attendre 1848 pour savoir que l’instituteur Crochet demandait à la commune de bénéficier d’un « logement convenable » au village. Les nombreux douaniers en fonction le long de la frontière grand-ducale étaient fréquemment l’objet de mutations et se contentaient d’une chambre louée chez l’habitant, parfois d’un petit appartement. De ce fait, il était très difficile de trouver un logement en location à Sélange.
Depuis combien de temps cet instituteur Crochet enseignait-il à Sélange ? Nous l’ignorons. En 1853, c’est Jean Baptiste Goeury qui est nommé. Il était né à Martelange le 26 avril 1829 car son père, originaire de Messancy, y avait obtenu l’emploi de postillon de diligence. Son épouse était Anne Joséphine Gober. Le couple habitait la maison n° 5 avec un petit enfant, Émile, né à Sélange le 17 février 1862. Anne Gober décède et Jean Baptiste Goeury se remarie le 24 mars 1867 avec Marguerite Feller née à Metzert le 16 novembre 1839. Ce couple aura une nombreuse descendance : Louise Marie (née en 1868), les jumeaux Jean Joseph Mathias et Marie Josèphe (nés en 1869), Théodore (né en 1871), Marie Mathilde (née en 1873), Gustave Marie Louis (né en 1874, décédé en 1877), Philippine Marie Anne (née en 1876), Gustave Marie Louis (né en 1878) et Philomène Marie (née en 1881)[xiii].
Jacques Schiltz, né à Sélange le 19 janvier 1866, devient ensuite instituteur communal. Nous le trouvons inscrit au registre de population de 1900 avec son épouse Alise Delsate originaire de Baranzy.
Les institutrices
La création de deux classes dans la nouvelle école construite en 1864 amène l’engagement d’une institutrice pour les filles. Il s’agit de Agnès Colling, née à Tintange en 1836, épouse de Jean Baptiste André d’Arlon. Elle donne sa démission le 16 mai 1877. Jean Baptiste Goeury est alors chargé de donner cours tant aux filles qu’aux garçons jusqu’en septembre 1877. Malgré ses réclamations auprès du collège, il ne sera pas payé pour ce travail supplémentaire.
Suzanne Schlesser, née à Attert le 18 février 1852 est nommée le 22 septembre. Elle reste deux années puis part pour Martelange en octobre 1879.
Pauline Schweitzer, née à Stockem le 18 avril 1861, épouse de Nicolas Arnoldy, prend la succession en mai 1880. Elle obtient un congé de maladie d’octobre 1886 à août 1887 durant lequel elle paie elle-même Virginie Wittamer pour la remplacer. Madame Arnoldy décède peu après. Elle sera remplacée en 1888 par Suzanne Biren, domiciliée à Arlon mais née à Rittersdorf (Prusse) le 24 février 1861. Suzanne Biren était diplômée de l’école normale de Bastogne. Elle obtient la grande naturalisation peu après son arrivée à Sélange. Elle vit alors dans la maison n° 140 en compagnie de sa sœur Gertrude qui conserve sa nationalité allemande. Le 25 septembre 1891, elle épouse au village Henri Hoffelt (cultivateur né à Sélange le 15 juin 1863). Plusieurs enfants naissent de cette union : Michel en 1892, Dominique en 1895, Marie en 1896 (décédée en 1897), Nicolas Fernand en 1899[xiv].
Madame Hoffelt tombe gravement malade en 1896. Elle décède à Louvain le 1er janvier 1902. Elle est remplacée, durant sa maladie, par sa sœur Gertrude.
Le 20ème siècle
Si, jusqu’à la moitié du 20ème siècle environ, nous connaissions des enseignants qui professaient durant de longues carrières et à temps plein, les changements sociaux ont amenés un morcellement de ces carrières. Les intérimaires ont été de plus en plus fréquents, n’enseignant parfois qu’un mois. Plus récemment, la généralisation du temps partiel dans l’enseignement et les décrets successifs ont créé un « ballet » d’instituteurs et institutrices qui prestent quelques heures dans plusieurs implantations, horaire qui change d’une année à l’autre.
Il est donc difficile et peu représentatif de citer tout le personnel enseignant ayant presté à Sélange pour la période la plus récente. Si de nombreuses générations ont pu dire « j’ai fait mon école primaire avec tel maître ou tel maîtresse », il est peu probable que les enfants de la fin du 20ème siècle puisse se rappeler plus tard de tous les enseignants qu’ils auront connus pendant six ans.
Nous ne reprendrons donc arbitrairement que les carrières complètes.
Les instituteurs
Monsieur Jacques Schiltz tombe malade en décembre 1921. Il présente sa démission en mai 1922.
Une période instable commence alors. De nombreux enseignants vont défiler dans la classe des garçons pendant une quinzaine d’années.
L’administration communale ne trouve pas d’instituteur pour le remplacer. C’est Albertine Krier de Barnich qui est donc désignée comme intérimaire pour la classe des garçons. Mais ayant également postulé à Wolkrange, elle y est nommée en octobre 1922 et quitte Sélange. C’est Madelaine Theismann d’Arlon qui prend la relève et sera suivie par plusieurs intérimaires.
Monsieur Julien Isidore Thill, de Messancy, est nommé titulaire en 1923 mais doit faire son service militaire. A nouveau deux remplaçants se succèdent. Julien Thill présente sa démission en septembre 1926 et le conseil nomme alors François Bartholomé, originaire de Toernich (né le 11 août 1906).
François Bartholomé, récemment nommé, doit lui aussi, partir au service militaire en octobre 1926. A son retour, il reprend ses fonctions. Il sera mobilisé comme sous-lieutenant de réserve en avril 1939 puis fait prisonnier de guerre. Julien Hirtz le remplace.
François Bartholomé assure également les cours d’adultes et, pour ce faire, perçoit des indemnités jusqu’en 1951 au moins. Depuis 1950, il a installé à l’école un projecteur de cinéma pour y passer des films prêtés par le ministère de l’Instruction publique. Il souhaite acquérir un matériel performant (notamment parlant). Aussi l’école organise une tombola qui rapporte 9262 f. En janvier 1952, la commune ajoute un subside de 10.000 f, ce qui permet l’achat du projecteur convoité.
François Bartholomé envoie au conseil communal, le 6 novembre 1958, une demande de mise à la retraite. Cette démission est acceptée à la date du 30 novembre et « l’intéressé est autorisé à porter le titre honorifique de ses fonctions. »
Sa succession verra plusieurs intérimaires se succéder. Roland Bailleux de Rachecourt, à peine en place, doit effectuer son service militaire. Il est suivi par Firmin Maus de Turpange qui, lui aussi, est appelé sous les drapeaux. La commune, ne trouvant pas d’enseignant masculin décide temporairement que l’école sera mixte. Émile Piette, déjà intérimaire, est nommé à titre définitif le 15 février 1959 mais il présente sa démission en septembre 1963, après un an d’absence pour convenance personnelle. L’intérimaire qui le remplaçait, Walter Theis, né à Thommen le 13 juillet 1938 et diplômé de l’école normale libre d’Arlon (Frères maristes), est nommé définitivement à la date du 1 septembre 1963. Sa démission en tant que chef de l’école mixte est acceptée au 31 août 1988.
Charles Lommel, né à Hachy le 25 juillet 1946, est nommé comme intérimaire pour la classe de 1ère, 2ème et 3ème année des garçons en août 1969. Il reçoit sa nomination à titre définitif le 13 mars 1974.
Les institutrices
Pour le 1er février 1902, c’est Marie Mathilde Goeury qui est engagée. Elle était née à Sélange le 15 janvier 1873, fille de l’instituteur Jean-Baptiste Goeury. Elle enseigne jusqu’à la fin de l’année scolaire 1938 ; elle est alors admise à la retraite.
Une intérimaire est engagée pour la rentrée : Joséphine Hirtz née à Sélange le 9 août 1916 et diplômée de l’école normale de Bastogne. Elle épousera Jules Schiltz. Elle poursuit sa carrière avec le titre de chef d’école durant une trentaine d’année et présente sa démission le 3 février 1969.
Le registre de population de 1911 à 1920 renseigne comme institutrice Victoire Thommes, sœur du curé Arthur Thommes qui prit ses fonctions en 1919. Née à Attert le 29 octobre 1881, elle habite au presbytère avec sa mère, Elisabeth Noerdinger. Où enseignait-elle ? Nous l’ignorons.
En octobre 1967, le dédoublement de l’école des garçons amène l’engagement à titre temporaire de Francine Poiré, née à Sélange, tandis que pour la nouvelle classe des filles, c’est Marie-Paule Massart, originaire de Bastogne, qui nommée temporairement. Elle obtient sa nomination définitive et le titre de chef d’école au 1er septembre 1969 mais, tombée malade, elle décède à Bastogne le 14 novembre 1970. Elle est remplacée par Liliane Michel épouse Hutlet.
En septembre 1968, Claudine Goedert, épouse de René Muller, est intérimaire pour les classes de 3ème à 6ème dans l’école des filles. Elle remplacera madame Schiltz lorsque celle-ci prend sa pension en 1969.
Liliane Michel, après un congé pour convenance personnelle, présente sa démission en août 1976. Sylviane Weber épouse Biren, originaire d’Attert, la remplace puis est nommée à titre définitif en septembre 1976.
Marie Julémont enseigna également comme maîtresse de couture.
L’école maternelle
La présence au village, en 1959, de 27 enfants entre 3 et 6 ans permet la création d’une classe gardienne. Le conseil communal en prend la décision le 9 août et nomme Bernadette Boegen épouse Schandeler, née à Nobressart et diplômée de Virton, comme première institutrice maternelle. Elle est nommée à titre définitif le 15 décembre 1959 et poursuit sa carrière jusqu’à sa démission le 30 novembre 1989. Ont enseigné également : Mylène Mirkès, Martine Eppe, Corinne Reizer, Marie-Jeanne Conter, Marie-Paule Friob.
Population scolaire
Les chiffres ci-dessous donnent la population en âge de scolarité au cycle primaire :
1850 : 38 garçons et 42 filles (604 habitants)
1860 : 95 élèves
1870 : 46 garçons et 58 filles (614 habitants)
1875 : 50 garçons et 50 filles (656 habitants)
1896 : 43 garçons et 41 filles (723 habitants)
1912 : 41 garçons et 39 filles
1960 : 38 garçons et 31 filles
1976 : 43 garçons et 44 filles
2008 : 59 élèves (796 habitants)
École maternelle : 1959 : 28 enfants
1976 : 36 enfants
2008 : 47 enfants
Voici la composition des classes en juillet 1896 :
Garçons :
Nom et prénom date de naissance lieu de naissance
Barthel Jean 30 mai 1889 Sélange
Blum Émile 2 mars 1889 id
Blum J Bte Victor 19 juin 1884 id
Claus Nicolas 5 juin 1887 id
Dahlem Nicolas 7 octobre 1886 id
Deroisy Alexandre 20 mai 1889 Halanzy
Deroisy Isidore 17 septembre 1885 Halanzy
Dolaisse Ferdinand Justin 30 août 1884 Kessel
Frantzen Jacques 8 avril 1886 Sélange
Frantzen Jean 14 janvier 1888 id
Gind Émile Joseph 21 janvier 1887 id
Hengchen Louis 13 janvier 1889 id
Hirtz Jean-Pierre 17 juin 1884 id
Hirtz Joseph 27 mars 1890 id
Hirtz Nicolas 30 décembre 1887 id
Holtzem Antoine 10 avril 1885 id
Holtzem François 10 avril 1888 id
Kroemmer J Bte Joseph 2 février 1884 id
Lambert Émile Joseph 8 février 1884 Corbion
Less Joseph Ferdinand 25 janvier 1888 Sélange
Leyers Michel 16 mai 1887 id
Lichtfus Émile 1 septembre 1888 id
Lichtfus Nicolas 25 août 1885 id
Muller Gaston 22 octobre 1885 id
Muller Henri-Joseph 21 janvier 1889 id
Muller Jean Pierre 13 février 1887 id
Muller Jean-Pierre 19 juillet 1890 id
Muller Michel Edmond 15 juillet 1888 id
Muller Michel 25 juin 1888 id
Poiré François 28 avril 1887 id
Poiré Henri 15 avril 1889 id
Reuter Antoine 9 octobre 1890 id
Schiltz Henri Émile 28 juillet 1886 id
Schiltz Jean 12 mars 1890 id
Schiltz Joseph 11 septembre 1886 id
Schiltz Marcel 16 janvier 1888 id
Schiltz Théodore 4 mai 1890 id
Schmit Jean-Pierre 17 février 1887 id
Schmit Nicolas Louis 13 février 1890 id
Thill Henri 23 mai 1883 id
Tieffring Jean 5 août 1886 id
Tockert Antoine 25 juin 1888 id
Tockert Nicolas 7 octobre 1884 id
Filles
Dahlem Marguerite 2 novembre 1883 Sélange
Deroisy Célestine 28 février 1888 Halanzy
Dupont Émilie Rose 21 janvier 1889 Anvers
Erpelding Catherine 30 mai 1888 Sélange
Fonck Anne-Catherine 12 février 1883 id
Fonck Anne-Marie 7 mars 1885 id
Frantzen Anne 17 avril 1890 id
Frantzen Suzanne 12 février 1883 id
Hansen Augustine 16 février 1883 id
Holtzem Hortense 8 octobre 1889 id
Kroemmer Marie-Catherine 20 novembre 1887 id
Lambert Marie-Pauline 24 décembre 1887 Corbion
Less Célestine 7 octobre 1890 Sélange
Less Rosalie Joséphine 28 juillet 1886 id
Leyers Anne 20 octobre 1885 id
Leyers Marguerite 28 septembre 1883 id
Muller Anne 28 juin 1885 id
Muller Anne 6 février 1887 id
Muller Jeanne 11 février 1890 id
Olimar Catherine 29 juin 1888 id
Olimar Marie-Catherine 22 novembre 1885 id
Olimar Mathilde 12 octobre 1886 id
Pierron Albertine 31 août 1890 id
Reuter Anne 1 mai 1886 id
Scharff Catherine 23 mai 1883 id
Schiltz Félicie 30 avril 1883 id
Schiltz Suzanne 13 mars 1887 id
Schiltz Suzanne 5 avril 1884 id
Schiltz Suzanne 6 février 1889 id
Schneider Léonie 25 octobre 1883 id
Thill Jeanne 5 juillet 1886 id
Thill Juliette 29 septembre 1887 id
Tockert Caroline 2 juin 1890 id
Tockert Marguerite 4 mai 1886 id
Urbain Marguerite 14 février 1883 id
Wagner Anne-Marie 22 janvier 1883 id
Weins Anne 31 mai 1890 id
Weins Catherine 6 avril 1884 id
Weins Euphrasie 2 mai 1888 id
Weins Joséphine 12 mars 1886 id
Wolff Marie-Joséphine 14 août 1884 id
Le fonctionnement des écoles.
Une loi du 1 juillet 1879 impose à chaque école de nommer un « comité scolaire, chargé d’aider l’administration communale à surveiller l’école, à accroître sa population et à stimuler l’assiduité des élèves ». Ce comité est donc constitué dès septembre 1879 et comprend Jean Baptiste Schockmel, Henri Tontelinger (cultivateurs) et Joseph Schmit (rentier).
Le commissaire d’arrondissement demande à la commune en octobre 1880 d’établir une école gardienne au village. Le conseil communal du 29 octobre statue et répond au commissaire qu’il ne peut donner suite à cette invitation car les ressources de la commune ne le permettent pas et que, d’autre part, il n’y a pas assez d’enfants à Sélange pour fréquenter une telle école.
Durant sa carrière (1853 à 1882), Jean Pierre Goeury a non seulement tenu la classe des garçons cinq jours par semaine (il y avait congé le jeudi et classe le samedi) mais il assurait aussi l’école du soir pour adultes qui se tenait également tous les jours sauf le jeudi, de 18h00 à 21h00. L’école de jour comptait 40 à 50 élèves. On peut donc se rendre compte de la charge de travail qui incombait à cet enseignant unanimement apprécié. A sa mise à la retraite, en octobre 1882, il accepte le poste vacant de secrétaire communal. Le compte-rendu du conseil communal du 29 octobre 1882 fait son éloge : « Jean Baptiste Goeury a demandé sa mise à la retraite pour raison de santé. Il a été instituteur à Sélange pendant 28 ans et 10 mois après avoir enseigné pendant 8 ans dans les écoles de Martelange, Hollange et Attert. Le conseil constate qu’il a rempli sa tâche avec zèle et dévouement. Ses élèves se sont toujours distingués dans les concours et beaucoup, n’ayant que l’instruction primaire, ont trouvé des emplois dans diverses administrations. Il a remporté la 1ère médaille le 4 septembre 1879 à un concours horticole à Arlon organisé entre les instituteurs des arrondissements d’Arlon et de Virton »[xv].
L’enseignement gratuit
L’enseignement, en cette fin de 19ème siècle, n’est pas totalement gratuit et les fournitures scolaires restent à charge des parents. Le conseil communal du 29 octobre 1882 constate : « Considérant qu’en donnant à tous les élèves indistinctement les fournitures de classe, cela occasionnerait une trop grande dépense à la commune, arrête que les fournitures ne seront données qu’aux élèves des parents ci-après mentionnés que le conseil reconnaît réellement comme indigents ».
Mais 1895 sera l’année de la gratuité complète : le conseil du 16 octobre décide que « 1° les rétributions des enfants solvables sont supprimées, 2° l’écolage sera gratuit à tous les enfants indistinctement 3° les seuls enfants qui figurent sur la liste des indigents recevront les fournitures classiques gratuitement ». Et deux ans plus tard, ce dernier point est également supprimé. La commune octroie 2 f pour chaque élève et 1 f supplémentaire pour les filles qui suivent les travaux d’aiguille.
L’école du soir pour adultes
Le conseil communal du 6 octobre 1887 arrête un nouveau règlement pour l’école du soir : nous connaissons ainsi parfaitement son fonctionnement.
« Art. 1. L’école d’adultes pour hommes et pour femmes comprend : 1° un cours élémentaire destiné aux jeunes gens qui n’ont pas reçu l’instruction primaire ou qui ne l’ont eue que de manière incomplète. 2° Un cours de répétition et de perfectionnement destiné aux gens qui ont suivi les leçons de trois degrés d’une école primaire. 3° Des cours spéciaux de sciences naturelles, d’agriculture, de géométrie pratique, de langues française allemande, d’économie domestique et de travaux de ménage y compris les travaux à l’aiguille.
Art. 2. Un cours élémentaire de lecture, d’écriture, des notions de langue maternelle, des éléments de calcul, du système métrique et de la langue française…..
Art. 4. L’instituteur s’attache à donner un enseignement à la fois raisonné et essentiellement pratique……
Art. 5. Il ne néglige aucune occasion de cultiver en eux le sens moral, de leur inspirer le sentiment du devoir, l’honneur de la patrie, le respect des institutions nationales, l’attachement aux libertés constitutionnelles. Il s’abstient de toute attaque directe ou indirecte contre les convictions religieuses ou politiques des élèves et de leurs familles……..
Art. 14. Tout habitant de la commune âgé de au moins quatorze ans a le droit de réclamer son inscription à l’école d’adultes ……….
Art. 33. L’année scolaire commence le 1er novembre et finit le 1er mars.
Art. 34. L’enseignement est donné aux jours fixés et aux heures indiquées : les lundis, mercredi et vendredi de sept à neuf heures du soir pour l’instituteur, pour l’institutrice les jeudis et dimanches de une heure à quatre heures de l’après-midi.
La fréquentation scolaire.
Les rapports d’inspection entre 1890 et 1915 montrent que de nombreux enfants ne fréquentent pas régulièrement l’école. En juin 1983, il y a en classe 34 garçons pour 45 inscrits. En novembre 1901, 40 sur 47, en janvier 1912, 31 sur 41. A l’école des filles, en avril 1913, seules 23 élèves sur 31 sont présentes. L’école d’adultes (le soir) n’est pas épargnée par l’absentéisme puisqu’en janvier 1901, l’inspecteur ne trouve que 9 présents pour 22 inscrits.
Les épidémies
En août 1910 et mars 1912, le bourgmestre fait venir le docteur N. Duren de Messancy, médecin scolaire. Ce dernier constate chaque fois une épidémie de scarlatine.
Le docteur Duren est encore appelé à Sélange en juillet 1917. Il constate que seuls 4 garçons et 11 filles sont présents à l’école (sur environ 80 enfants inscrits). Il signale cette fois à l’administration que c’est une épidémie de rougeole qui atteint les enfants.
La guerre 1914 – 18.
La scolarité semble se passer normalement durant le conflit. De nombreux soldats allemands chargés de garder la frontière sont logés dans des familles sélangeoises.
En 1917, le comité régional d’Arlon a organisé une soupe scolaire au village, contre le gré de l’administration communale. Lors de la séance du 30 décembre 1917, le conseil marque son refus de participer financièrement aux frais du comité arlonais.
Le régime linguistique dans l’enseignement communal de Sélange.
C’est dans le rapport de la séance du conseil communal tenu le 11 septembre 1921 que l’on voit évoqué ce point crucial. « Vu les demandes des pères de famille tendant à ce que le français soit enseigné dans les écoles primaires comme langue officielle et l’allemand comme seconde langue,
Considérant que l’allemand n’est nullement usité dans aucune administration publique en Belgique et qu’il y a lieu de se conformer aux vœux des administrés,
Demande à l’unanimité des membres présents :
1°) à ce que le français soit enseigné dans nos écoles primaire à partir du 17 octobre prochain comme langue officielle et que l’allemand soit enseigné comme seconde langue, moyennant à ce que cette innovation se fasse progressivement,
2°) que l’enseignement des cours d’adultes se fasse uniquement en langue française.
Ce changement profond est manifestement demandé par une majorité de parents, sans doute en réaction à l’imposition de la langue allemande pendant la guerre qui s’est terminée trois ans auparavant et suite aux contacts de plus en plus fréquents de la population avec les administrations provinciales et nationales. L’espoir pour ses enfants de leur voir embrasser une carrière dans une administration n’est certainement pas étranger à cette mutation.
La question du régime linguistique revient sur la table du conseil en novembre 1933, suite à une loi votée le 4 juillet 1932. Le conseil précise alors : « Considérant que la grande majorité des pères de famille désirent un enseignement bilingue avec une préférence marquée pour la langue française, la langue véhiculaire dans les classes de notre commune sera :
Au 1er degré, l’allemand avec enseignement oral du français
Au 2ème degré, une part égale aux deux langues
Aux 3ème et 4ème degré, le français avec l’allemand comme seconde langue »
Durant la seconde guerre mondiale, en 1941, l’occupant veut germaniser totalement l’enseignement de la région d’Arlon. Le conseil, comme beaucoup d’autres, tente de s’y opposer et vote une résolution le 24 février : « La commune compte 622 habitants ; 50 sont d’expression française et 572 sont bilingues français – allemand. Le conseil décide que, dans les écoles communales, l’enseignement sera donné à parts égales en langue allemande et française ».
Les vacances scolaires et congés.
En 1926, la période des vacances d’été « étant donné le caractère rural de notre commune » est fixée du samedi après le 20 août au premier lundi d’octobre.
Mais en 1927, les vacances d’été sont exceptionnellement prolongées jusqu’au 17 octobre. C’est ce jour que rentre du service militaire le nouvel instituteur François Bartholomé. Le conseil communal a préféré prendre cette mesure plutôt que d’engager un intérimaire pour quelques jours.
A partir de 1930, suite à la demande de l’instituteur Bartholomé, elles vont du 15 août au 1er lundi d’octobre.
En 1935, à la fête de la Purification, les élèves sont en congé pendant les deux jours de l’Adoration perpétuelle.
La bibliothèque.
Il n’y eut pas de bibliothèque à l’école. En octobre 1949, la commune décide d’agréer (d’adopter) la bibliothèque paroissiale qui fonctionne bien et répond aux critères légaux ; elle est notamment tenue par un bibliothécaire homologué.
En avril 1949, le conseil communal paie les frais pour les enfants qui se déplacent au concours cantonal.
A partir de 1955, l’école des filles est chauffée grâce à un poêle au mazout. Auparavant, c’était Jeanne Thill qui était payée par la commune pour « remisage des charbons aux écoles ». C’est elle qui assure le nettoyage des écoles ainsi que Anne Urbain.
Le cours de morale non confessionnelle.
C’est à la rentrée de 1967 qu’un chef de famille choisit pour son enfant le cours de morale. La première enseignante engagée pour ce cours est Micheline Gérard. Divers enseignants se succéderont depuis lors selon les demandes formulées par les parents.
Remerciements :
Nous tenons à exprimer nos plus vifs remerciements à messieurs Achille Wagner pour ses renseignements et ses documents, Christian Pallage pour ses recherches dans les registres de la fabrique d’église, Albert Valet pour les photos et Jean-Marie Zimmerman pour son aide dans les recherches généalogiques.
[i] RF 113. Sélange – Administration générale. AEArlon
[ii] Livre de comptes 1807 – 1847. Messancy. Archives communales de Messancy
[iii] Muller M., Paroisse de Sélange. Histoire civile et religieuse. A compte d’auteur, 1959.
[iv] École de Sélange. AEArlon , fonds 4/35, farde 2103
[v] Livre du budget de 1850 à 1875. Archives communales de Messancy.
[vi] Muller M., Paroisse de Sélange. Histoire civile et religieuse. A compte d’auteur, 1959.
[vii] Registre des délibérations du conseil de fabrique. Avec nos remerciements à monsieur C. Pallage.
[viii] Muller M., Paroisse de Sélange. Histoire civile et religieuse. A compte d’auteur, 1959.
[ix] Moïs C. et Wagner A., Histoire de l’enseignement à Turpange de 1853 à 2008. Cercle Hist. Du Pays de Messancy. Chroniques n° 20, 2008
[x] Registre aux délibérations du conseil communal de Sélange (depuis 1876). Archives communales de Messancy
[xi] Recherches généalogiques de Jean Marie Zimmerman
[xii] Moïs Ch., Les écoles et l’enseignement à Messancy, Cercle Historique, Chroniques n° 12, année 2000
[xiii] Registres de population 1858 – 1866 et 1867 – 1876. Archives communales de Messancy.
[xiv] Registre de population 1891 – 1900. Archives communales de Messancy.
[xv] Registres aux délibérations du conseil communal de Sélange (depuis 1876). Archives communales de Messancy